Réforme, Assemblée nationale… Suivez toute l’actualité politique dans nos actualités “Comme dans la plupart des démocraties occidentales, que ce soit l’Allemagne, l’Italie, bien d’autres, aucune force politique aujourd’hui ne peut légiférer toute seule”, a-t-il déclaré. Le chef de l’Etat dit-il la vérité ou “faux” ? S’il se réfère aux pays occidentaux, Emanuel Macron a cité des exemples européens. Alors franceinfo vous propose un tour d’horizon du fonctionnement politique de nos plus proches voisins. Les experts interrogés par franceinfo sont d’accord avec Emanuel Macron sur ce point. “On peut supposer qu’à l’exception du Royaume-Uni, toutes les démocraties européennes sont en fait gouvernées par des coalitions”, a déclaré Marie-Claire Ponthoreau, professeur de droit public à l’université de Bordeaux. Cette pratique est en partie due au mode de désignation des députés, ajoute le politologue Olivier Costa. En France, le scrutin à deux tours a traditionnellement favorisé l’émergence d’une nette majorité présidentielle. A l’inverse, “dans la quasi-totalité des pays européens, les modes de scrutin sont soit totalement soit partiellement proportionnels à la majorité, précise le directeur de recherche CNRS au Cevipof. Il est donc très rare d’avoir un pouvoir politique unique qui dispose d’une majorité absolue”. “L’exemple typique est vraiment l’Allemagne.” Marie-Claire Ponthoreau, professeur de droit public chez franceinfo Les coalitions sont la marque du système politique sur l’ensemble du Rhin. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays n’a eu qu’un seul gouvernement composé d’une seule force politique pendant quatorze mois, entre 1960 et 1961. C’était la CDU, le parti de centre-droit. L’actuel gouvernement du chancelier Olaf Solz repose sur une coalition dite “lanterne”, qui réunit le Parti social-démocrate (SPD), les libéraux (FDP) et les Verts. En Allemagne, la construction d’alliances passe par la signature d’un “accord de coalition” entre les parties. Le document actuel, présenté en novembre, compte 177 pages (PDF en allemand) et présente la feuille de route du gouvernement. “C’est un texte qui présente de manière très détaillée le programme sur lequel les partis politiques s’accordent, afin d’éviter de futurs conflits”, explique Olivier Costa. Le texte envisage, entre autres, la sortie du charbon “idéalement” d’ici 2030, une augmentation du salaire minimum et la légalisation de la consommation de cannabis. Dans les pays nordiques, la culture du compromis et des alliances est également répandue. En Finlande, le Premier ministre, Sanna Marin, dirige une coalition de cinq partis de gauche et de centre droit, rapporte La Croix. En Suède, les sociaux-démocrates s’appuient souvent sur le soutien du parti de gauche ou des verts et plus souvent sur le parti du centre. Il s’agit généralement d’un soutien au cas par cas, parfois avec des accords plus larges sur des questions spécifiques. D’autres pays, moins habitués à la culture du compromis, ont été contraints de former des coalitions face à l’évolution du paysage politique. En Espagne, le Parti populaire de droite et le Parti socialiste (PSOE), de gauche, disposent depuis longtemps de la majorité absolue. Le bipartisme s’est dissous fin 2015 avec la découverte des libéraux de Ciudadanos et du parti radical de gauche Podemos lors des élections législatives. Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a convenu en 2019 avec les Podemos de former le premier gouvernement de coalition après la mort du dictateur Franco en 1975 et de restaurer la démocratie. Cela n’exclut pas des tensions récurrentes, par exemple autour de la récente réforme du marché du travail. La coalition reste fragile, car elle ne dispose pas de la majorité absolue au Parlement. Il doit donc sans cesse s’allier avec les autres partis pour faire passer les lois. Ces alliances fragilisent-elles la stabilité des gouvernements et encouragent-elles l’immobilisme chez nos voisins ? Pas nécessairement, selon les experts. En Allemagne, par exemple, l’accord de coalition permet d’assurer la stabilité globale. En revanche, l’Italie est souvent considérée comme une “championne de l’instabilité”, note Olivier Costa. Depuis l’après-guerre, le pays a connu en moyenne un nouveau gouvernement par an, explique François Beaudonnet, rédacteur en chef de la rédaction Europe de France Télévisions. La nomination du Premier ministre est souvent un casse-tête et conduit parfois à l’utilisation d’un « chiffre clairvoyant » sur lequel s’appuie un compromis. “Aujourd’hui, l’Italie est unie autour de la figure fédératrice de Mario Draghi”, explique Marie-Claire Ponthoreau. Dans ces pays habitués aux coalitions, la formation des gouvernements peut aussi prendre des semaines voire des mois. Après les élections législatives de mai 2019, la Belgique a attendu seize mois qu’une coalition de sept partis se mette d’accord sur la composition du gouvernement majoritaire. “Cela ne veut pas dire que le pays n’a pas de gouvernement en ce moment, puisque le gouvernement démissionnaire est chargé de gérer l’actualité”, nuance toutefois Olivier Costa. Reste enfin à savoir si un tel système pourra être transféré en France. Théoriquement, la Constitution de la Ve République, datant de 1958, a instauré un régime parlementaire. En pratique, l’élection du président de la République au suffrage universel en 1962 et la réforme du quinquennat en 2000 ont renforcé la position du chef de l’État. Dans ce contexte, le caractère parlementaire du système est devenu moins important, comme décrit en détail sur le site vie-publique. “Cependant, la symbiose a montré que la Constitution est plastique. Elle pourrait donc très bien s’adapter à la situation que nous connaissons aujourd’hui. » Marie-Claire Ponthoreau, professeur de droit public chez franceinfo “Ce qui est inconnu, c’est plutôt la capacité des forces politiques à négocier et à essayer de trouver un accord”, a déclaré Marie-Claire Ponthoreau. “Nous sommes dans un régime mixte, présidentiel et parlementaire”, où “le compromis est vécu comme un compromis”, explique le politologue Pascal Perrineau. A l’heure actuelle, les discussions entre le Premier ministre et les différents partis politiques pour former un gouvernement de coalition sont dans l’impasse.