L’IHU de Marseille, longtemps dirigé par Didier Raoult, est devenu le théâtre de nombreuses dérives, tant sociales que sanitaires, selon des extraits d’un reportage publié mercredi 6 juillet par le journal La Provence. Ce rapport, auquel l’AFP n’a pas eu accès, est établi par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui dépend de plusieurs ministères, dont celui de la Santé. Il couvre un champ plus large qu’un précédent rapport, déjà cinglant, publié quelques semaines plus tôt par l’agence du médicament (ANSM).
L’hydroxychloroquine a été administrée
Les patients soignés à l’IHU se voient majoritairement délivrer “des ordonnances qui ne respectent pas le code de la santé publique, ce qui est susceptible de relever d’une qualification pénale”, selon un extrait de ce rapport cité par La Provence. Ces prescriptions comprennent notamment un traitement anti-Covid à base d’hydroxychloroquine. Malgré l’inefficacité de ce médicament contre le Covid, Didier Raoult en a fait la promotion dès le début de la pandémie, gagnant ainsi une notoriété médiatique considérable. VOIR AUSSI – L’OMS annonce que le remdesivir et l’hydroxychloroquine ont “peu ou pas d’effet sur la mortalité” Selon La Provence, le rapport de l’Igas conclut que les médecins de l’IHU ont été poussés par leur administration à prescrire ce traitement, ainsi que l’ivermectine, un autre médicament dont les bienfaits contre le Covid n’ont jamais été prouvés.
Une logique de “soumission”
Sur le plan scientifique, le rapport dénonce aussi les mauvaises pratiques de recherche : les groupes de l’IHU publient certes beaucoup, mais dans des revues de qualité médiocre. Ces recherches sont souvent menées de manière biaisée, encore une fois sous la pression de la direction. Selon un extrait du rapport, les jeunes chercheurs finissent par “diluer volontairement les résultats et les données, ou supprimer les choses qui ne fonctionnent pas, pour éviter la pression”. Cela provoque, plus largement, un fonctionnement très autoritaire de l’administration de Didier Raoul, qui a mis en place une “logique d’assujettissement”. Sur les 300 salariés interrogés, une cinquantaine expriment “une situation allant de l’inconfort au grand inconfort lié à leur activité professionnelle”. A lire aussi Faut-il s’inquiéter de la “variante française” mise en avant par l’IHU de Didier Raoult ? Cette fuite intervient alors que ce rapport n’est pas encore finalisé avec notamment les réponses de l’IHU de Marseille. Elle a également lieu une semaine avant le conseil d’administration pour désigner le successeur de Didier Raoult. Un comité scientifique a recommandé le nom de Pierre-Edouard Fournier, chercheur déjà intégré de longue date à l’IHU, mais ce choix a été critiqué, en interne comme en externe, comme ne marquant pas une rupture suffisante. À VOIR AUSSI – Marseille : les enquêtes à l’IHU menées par Didier Raoult