Il n’y a pas que l’extrême droite qui a critiqué le choix du ministre et de son camarade pour leurs enfants. Ce qui a poussé les journalistes du Parisien à lui poser une question lors d’une interview publiée samedi. Pap Ndiaye précise que ses enfants ont été formés en REP+ avant de fréquenter l’Ecole alsacienne. Tout en justifiant sa démarche : « Il y a des moments où, dans le développement de l’enfant, ça peut être compliqué. C’est le choix des parents des enfants pour lesquels les conditions d’une école sereine et heureuse n’étaient autrefois plus réunies”. Des propos qui ne semblent pas toujours bien accueillis par les enseignants prioritaires.

Une polémique pas nouvelle

Pap Ndiaye n’est pas le premier ministre de l’Education contesté sur ses choix scolaires. « En 2002, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Luc Ferry, déclarait que ses trois enfants étaient scolarisés dans une école privée catholique de l’ouest parisien. Et ce pour des raisons religieuses”, rappelle l’historien spécialiste de l’éducation Yann Forestier. Auparavant, François Bairou, qui a occupé le poste entre 1993 et ​​1997, avait confié au Monde que sur ses six enfants, “trois étaient à l’époque à l’école publique et trois à l’école privée”. Plus récemment, en 2015, Najat Vallaud-Belkacem a déclaré à BFMTV : “Mes enfants sont évidemment scolarisés en public.” Il répondait à une polémique lancée par Nicolas Dupont-Aignan, qui avait affirmé que ses enfants avaient été inscrits dans une école privée. Aussi, interrogé sur ces enfants par Léa Salame lors de l’émission Grande du 15 février 2018, Jean-Michel Blanquer avait répondu : “J’en ai les trois quarts dans le public”.

Choix personnel ou décision symbolique ?

Alors, la décision du ministre de l’Éducation nationale d’envoyer ses enfants dans l’enseignement public ou privé est-elle une affaire privée ? Ou doit-elle être portée à l’attention des citoyens ? Najat Vallaud-Belkacem avait décidé. “Et alors ? Il y a la liberté d’enseignement en France. Le fait que certaines personnes choisissent de mettre leurs enfants dans le privé relève de leur décision et de leur choix. De la part des syndicats, nous restons prudents : “Nous ne voulons pas être en désaccord là-dessus”. “d’autant plus que Pap Ndiaye n’était pas politicien avant et n’allait pas sortir ses enfants du secteur privé au cours de l’année, encore moins quelques semaines avant les vacances d’été.” Mais même s’ils ne veulent pas rester dans le sujet et viser surtout le nouveau ministre, certains acteurs de l’éducation pointent tout de même le symbole : “Avant tout, on peut considérer que nos responsables politiques doivent avoir un devoir exemplaire en inscrivant leurs enfants dans les écoles publiques”. .éducation. C’est une manière de montrer que le ministre croit à la politique qui est mise en place », a déclaré Eric Labastie, président de la FCPE. “Il vaut mieux qu’un ministre de l’Éducation scolarise ses enfants dans le secteur public, car cela montre sa confiance dans l’institution. “Sinon, ça peut aider à renforcer les fausses représentations, avec la fausse idée qu’un enfant aura de meilleures conditions d’apprentissage dans le privé”, estime le syndicaliste.

“Nous avons encore de nombreux dossiers importants sur la table”

Selon Yann Forestier, si la question se pose en ce moment, c’est surtout en raison de la surprise de la nomination de Pap Ndiaye : « C’est le garant de gauche du nouveau gouvernement. Sa nomination est avant tout une affaire de communication. Cette information peut donc fragiliser l’image du ministre, qui est d’autant plus observé en ce moment qu’il n’a pas encore véritablement agi. Et le fait que ses enfants soient scolarisés en Alsace accentue l’effet de la table d’harmonie. “Cet établissement a la réputation d’être un ghetto riche, un univers hautement protégé. Cela implique l’idée que l’enseignement privé est un médicament pour remédier à l’insuffisance du public. “Surtout quand un enfant a des difficultés à l’école”, poursuit l’historienne. Une chose est certaine, selon les observateurs du monde de l’Education : ces critiques vont vite disparaître. “Nous avons encore de nombreux dossiers importants sur la table. “Comme les salaires des enseignants et la crise des métiers de l’Education nationale”, souligne le syndicaliste. “Quand on n’attendra plus, ces informations ne seront plus annoncées”, ajoute Yann Forestier.