Plus de deux ans plus tard, l’ingénieur a plaidé coupable à des accusations d’agression sexuelle et de voyeurisme. Alors que la Couronne avait requis 18 mois de prison, le juge de la Cour de district de Québec, Matthieu Poliquin, lui a accordé une libération conditionnelle dans un jugement rendu le mois dernier. Il estime que les conséquences d’un casier judiciaire seraient disproportionnées, puisque le tribunal est convaincu que le travail d’ingénieur nécessite des déplacements dans d’autres pays. À noter que Simon Houle, qui est chez le même employeur depuis 2018, n’a jamais eu à se déplacer pour son travail.
Elle n’est pas sa première victime
Dans son traitement qui a commencé peu de temps après les accusations, Simon Houle a admis avoir agressé sexuellement une autre femme dans le passé, sans être inculpé. Cet aveu, bien que gênant selon le juge, démontre sa volonté de transparence et le sérieux de son traitement. Le juge Poliquin note que l’accusé est très désolé des gestes posés, a plaidé coupable et a honte au point de ne pas avoir informé son père et ses frères des accusations portées contre lui. Alors même qu’elle souligne le caractère intrusif et grave des crimes commis contre une victime en état de grande vulnérabilité, la cour précise que l’attaque a finalement été menée rapidement. L’ivresse de Simon Houle, sans être une excuse, permettait tout de même une explication de la conduite, selon le juge. Avec Radio-Canada, Simon Houle et son avocat, Pierre Spain, ont refusé de commenter l’affaire. Photo : Facebook Simon Houle, qui a entrepris un certificat à temps partiel en droit, a démontré qu’il est une personne de bonne moralité et que ses crimes sont pertinents et pertinents pour sa vie, peut-on lire dans le jugement. Ainsi, l’ingénieur bénéficie d’une libération conditionnelle, accompagnée d’une période d’essai de trois ans. Soucieux de ne pas minimiser les gestes posés, le juge l’a condamné à verser un don de 6 000 $ au Centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles (CALACS) de Trois-Rivières. Simon Houle avait un dossier de conduite avec facultés affaiblies en 2014.
Ça m’énerve
Un ami proche de la victime, qui connaît également Simon Houle depuis plusieurs années, s’est dit furieux que l’agresseur n’ait pas reçu une peine plus sévère. Tout le monde est tombé […] il n’a rien, c’est incroyable, lâche-t-il en entrevue avec Radio-Canada. L’homme a requis l’anonymat afin de ne pas identifier le plaignant, dont l’identité fait l’objet d’une interdiction de publication. On était déçu, on était en colère, on avait pitié de la victime, de toutes les victimes, raconte Camille Souza, du CALACS de Trois-Rivières. Une telle décision est injuste pour la victime car elle prend à nouveau la défense de l’agresseur. Le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) estime que cette décision ne respecte pas l’esprit du rapport Rebuilding Trust, censé mettre l’accent sur le bien-être des victimes. La coordonnatrice Karine Gagnon craint qu’une telle décision n’ébranle la confiance des victimes envers le système de justice. Quand une victime entend ces choses […] peut freiner [à ce qu’elle porte plainte]. Le message sur le statut social d’un agresseur serait subtil et pernicieux, selon la juriste Suzanne Zaccour de l’Université d’Oxford. L’accusé a été élevé dans une bonne famille, il profitera à la société en devenant ingénieur et il bénéficie donc d’une libération conditionnelle, dit-il. Cependant, si un accusé venait d’un milieu plus défavorisé ou avait une carrière moins prestigieuse, il n’aurait pas cette carte pour dire “ma carrière est importante et je ne peux pas avoir de casier judiciaire”. Canimex, qui emploie Simon Houle, s’inquiète de la crise, selon le vice-président aux ressources humaines Michel Goulet. A noter que l’ingénieur est contraint par son employeur de faire du télétravail et ne peut participer à des activités sociales avec ses collègues. Le Directeur des poursuites criminelles et criminelles annoncera dans les prochains jours s’il fait appel de la décision. Avec Radio-Canada, Simon Houle et son avocat, Pierre Spain, ont refusé de commenter l’affaire.