Mais un an plus tard, lorsqu’il retrouve ses supporters ce dimanche au Palais des Sports de Paris, l’euphorie est retombée. En retard au premier tour de la présidentielle (7%) et sans un seul élu à l’Assemblée nationale, Eric Zemur a échoué dans son projet d’unification des droites. Et pour Reconquest, c’est désormais une question de survie qui est en jeu.
La reconquête compte ses troupes
La première était de digérer, comme nous l’avons dit, les claques lors des élections présidentielles et législatives. Après des mois de ferveur et d’espoir, comme une longue gueule de bois difficile à évacuer. “Il y a eu beaucoup de déception parce qu’on se voyait plus haut. Il fallait prendre du recul, il était temps de réfléchir. J’ai vu Zemur après les élections législatives, il était de mauvaise humeur. Mais pour la base militante, le coup a peut-être été plus dur… », reconnaît un ancien responsable de campagne. C’est aussi l’un des objectifs de la rencontre de ce dimanche : raviver la flamme. Car si le mouvement revendique plus de 130 000 abonnements, environ 55 000 arrivent en fin d’échéance en décembre. La crainte d’une démobilisation est encore plus grande après que seulement 32 000 personnes ont pris part au vote interne pour modifier la constitution du parti en septembre. “Il y avait cette peur du découragement cet été, mais je pense que c’est derrière nous, la publicité de Zemmour est toujours là, balaie Stanislas Rigault, président de Génération Z et membre du bureau politique. Nous resterons très actifs pour faire adhérer et revenir les gens, avec la réunion de dimanche, mais aussi par rotation dans les fédérations », ajoute-t-il, alors que les cadres multiplient les réunions publiques sur le territoire.
bip interne
Mais même au plus haut niveau du parti, le lien s’effiloche parfois. Si Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay ou Stéphane Ravier sont là, d’autres en revanche ont pris leurs distances, comme les anciens “gilets jaunes” Jacline Mouraud et Benjamin Cauchy, ou d’autres cadres comme Jean Messiha, parfois pour rebondir. Emissions télévisées. Gilbert Collard s’est indigné après avoir perdu la présidence d’honneur, et l’eurodéputé (ex-RN) Jérôme Rivière, désabusé par la réorganisation du parti, a fait savoir qu’il n’était qu’un « simple militant. Selon le JDD, une trentaine de coordonnateurs départementaux auraient également misé leur bonne fortune en septembre. Dilution encore plus visible quand, dans le même temps, la Coalition nationale a le vent en poupe, avec ses 89 élus à l’Assemblée. “Après deux échecs électoraux, Reconquête est un mouvement en grave crise, avec une direction nationale en voie de disparition. Dans les régions, certaines personnes nous contactent pour travailler avec nous. Nous jugerons au cas par cas. Enfin… je ne parle pas des Collard, des Rivière, ceux qui ont trahi en entrant dans le radeau de la Méduse et qui y resteront », s’amuse Gilles Pennelle, directeur général du RN.
Toujours une polémique
Malgré les difficultés, dans Reconquête, on insiste sur la jeunesse du mouvement, rappelant qu’Eric Zemur est arrivé à la quatrième place aux élections présidentielles, devant les candidats du Parti républicain et socialiste, partis historiques. “Ce serait mentir de dire que nous ne sommes pas intéressés à ne pas avoir de député. Notre but est d’exister politiquement. Mais je crois qu’on a entendu ces dernières semaines parler de la question de l’école ou de l’Ocean Viking », confie Stanislas Rigault. “Ne pas avoir d’adjoint est un inconvénient. Mais on a réussi à s’emparer de l’espace politique en menant la bataille culturelle, notamment en faisant entrer le terme Frankicide dans la conversation », ajoute un ancien porte-parole. Se prétendant “génial”, le parti s’est pourtant retrouvé au centre d’une polémique autour de l’affaire Lola. Eric Zemur et ses partisans ont été accusés de redressement politique après avoir acheté des noms de domaine liés à la mort de l’adolescent. “J’étais vraiment gêné, c’était spontané, indéfendable, une vraie erreur de débutant…” déplore cet ancien cadre, toujours proche du parti. La polémique a rappelé les multiples polémiques qui ont marqué la campagne présidentielle et potentiellement fragilisé le candidat ID. Alors qu’Eric Zemmour améliore l’écriture d’un nouveau livre, Reconquête multiplie les initiatives, entre entraînement au combat et lancement d’une revue interne. De quoi tuer le temps en attendant les prochaines élections. Les européennes, en mai 2024.