• Lire aussi : France : moratoire sur l’expulsion des étudiants étrangers quittant l’Ukraine • Lire aussi : Nouvelle aide pour reconstruire l’Ukraine • Lire aussi : Six morts après une fusillade à Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine “La reconstruction de l’Ukraine est la tâche commune de tout le monde démocratique” et “la contribution la plus importante à la paix dans le monde”, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’exprimant par visioconférence à l’ouverture de cette rencontre organisée à Lugano, dans le sud. de la Confédération suisse. La conférence, qui doit se conclure mardi, intervient alors que l’issue de la guerre déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février reste incertaine. A Moscou, lors d’une rencontre avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, le président russe a, pour sa part, instruit ses forces militaires de “réaliser leurs missions conformément aux plans déjà approuvés”. Dimanche après-midi, l’état-major ukrainien a annoncé le retrait des forces impliquées à Lyssytchansk, le dernier bastion tenu par Kyiv dans la région de Lougansk, que Moscou dit désormais contrôler entièrement. Pour les forces ukrainiennes, l’urgence est désormais de contenir l’avancée russe vers l’ouest et deux grandes villes de la région voisine de Donetsk : Sloviansk et Kramatorsk. “Débordement progressif” Après la prise de Lyssytchansk, pièce maîtresse du plan de conquête du Donbass, bassin industriel partiellement contrôlé par les séparatistes pro-russes depuis 2014, “l’effort principal de l’ennemi […] vise un débordement progressif” des forces ukrainiennes sur cet axe, a indiqué lundi l’état-major ukrainien. Selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko, dix personnes, dont deux enfants, sont mortes dimanche dans des frappes aériennes russes à Sloviansk et dans les environs. Alors que la ligne de front approche de Sloviansk, les autorités ukrainiennes appellent les habitants à quitter la zone. Les rues de la ville étaient quasiment désertes lundi matin, selon des journalistes de l’AFP sur place. Au marché du centre-ville qui a été détruit par un incendie provoqué par une frappe russe, quelques vendeurs ont offert des produits de première nécessité tandis que d’autres ont nettoyé les débris calcinés. Les vendeurs et les résidents ont exprimé leur inquiétude pour les jours et les semaines à venir où le bruit des bombardements pourrait être entendu. A Siversk, entre Lyssytchansk et Sloviansk, les forces ukrainiennes semblent vouloir tenir une ligne de défense entre cette ville et Bakhmout, plus au sud. Des habitants interrogés par l’AFP ont fait état de bombardements de plus en plus intenses à Shiversk ces derniers jours. “L’ennemi a intensifié le bombardement de nos positions en direction de Bakhmut”, a confirmé l’état-major de l’armée ukrainienne. Le ministère russe de la Défense a indiqué pour sa part avoir détruit “sept postes de commandement ukrainiens” au cours des dernières 24 heures, “dont la 25e brigade aéroportée dans la région de Shiversk”. Déclarations impossibles à vérifier de manière indépendante. 104 milliards de dollars A Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, dans le nord-est du pays, trois civils ont été tués dans des attentats à la bombe survenus lundi avant l’aube, selon les autorités locales. A Boutcha, ville martyre de la périphérie de Kiev, même si certains ont recommencé à planter des fleurs au pied des immeubles ou à jardiner, les habitants n’osent toujours pas songer à reconstruire, alors que l’issue des combats reste si incertaine. Ici, les signes des combats sont encore visibles partout : vitres brisées, impacts de balles, murs brisés… “On va se coucher sans savoir si on va se réveiller demain”, souffle Vera Semenyuk, 65 ans. « Tout le monde est de retour, ils commencent à réparer les maisons, beaucoup installent de nouvelles fenêtres. Ce serait terrible si ça recommençait et qu’il fallait tout quitter à nouveau. Alors que l’issue de la guerre est incertaine, la conférence de Lugano doit tenter lundi et mardi d’esquisser la future reconstruction de l’Ukraine. “La tâche est vraiment colossale” ne serait-ce que dans les territoires libérés, a reconnu dimanche Volodymyr Zelensky. Les organisateurs de la conférence avaient espéré qu’il viendrait en personne, mais il a participé, comme c’est désormais la coutume, par visioconférence à cette réunion qui réunissait les dirigeants des alliés de l’Ukraine, des institutions internationales et du secteur privé. La conférence était prévue bien avant la guerre et devait initialement se concentrer sur les réformes en Ukraine et notamment la lutte contre la corruption. Le Premier ministre ukrainien Denis Chmygal et le président du Parlement Ruslan Stefanchuk sont arrivés dimanche à Lugano. Ils doivent y rencontrer spécifiquement la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour jeter les bases d’un “plan Marshall” pour l’Ukraine. Les chiffres vont de dizaines à des centaines de milliards de dollars. Robert Mardini, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, a jugé sur la chaîne publique suisse RTS que si la reconstruction, à proprement parler, doit attendre la fin des combats, il est néanmoins vital de donner “une perspective positive aux civils” . La Kyiv School of Economics (KSE) a estimé jusqu’à présent les dommages aux bâtiments et aux infrastructures à près de 104 milliards de dollars. L’économie du pays a déjà perdu 600 milliards de dollars selon certaines estimations. La Banque européenne d’investissement (BEI) va proposer la création d’un nouveau fonds pour l’Ukraine, qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros, selon des sources bien informées. Le Royaume-Uni, l’un des alliés les plus actifs de l’Ukraine, soutiendra spécifiquement la reconstruction de la ville et de la région de Kyiv à la demande du président Zelensky, a annoncé dimanche le ministère des Affaires étrangères.