Posté à 17h00
Richard Dufour La Presse
Bien qu’une baisse importante de la croissance économique soit attendue dès l’an prochain au Canada, et particulièrement au Québec, Deloitte ne s’attend pas à ce que le pays replonge dans la récession. “La bataille n’est pas encore terminée”, a déclaré Mario Iacobacci, associé en consultation financière chez Deloitte Canada. “Il est possible de réduire l’inflation sans provoquer de récession. » PHOTOGRAPHIE FOURNIE PAR DELOITTE Mario Iacobacci, affilié, Services-conseils financiers, Deloitte Canada La direction de cette firme de conseil financier est bien consciente que, pour certains, cette prédiction d’éviter la récession peut sembler optimiste et qu’il s’agit d’une vision qui diffère sensiblement du consensus. Le scénario le plus probable, selon Deloitte, est un scénario où la croissance ralentit, mais où l’inflation ne diminue que lentement. Par conséquent, une période d’inflation stagnante semble plus probable qu’une récession, selon Deloitte. Le produit intérieur brut (PIB) du Canada devrait augmenter de 3,3 % cette année, avant de ralentir à seulement 1,7 % l’an prochain et 1,5 % en 2024, selon une étude qui sera publiée mardi par les météorologues Deloitte. Le document avance un certain nombre d’arguments en faveur de la résilience.
Richesse des ménages
En particulier, Deloitte souligne que les Canadiens ont amassé plus de 300 milliards de dollars d’économies pendant la pandémie, ce qui contribue à réduire la hausse du coût de la vie et contribue à soutenir les dépenses des Canadiens. La richesse des ménages a également augmenté pendant la pandémie, a-t-il ajouté. “Les gains de richesse devraient rester intacts, même en tenant compte d’une correction des marchés boursiers et des prix de l’immobilier. Surtout, les marchés du travail devraient rester saturés pendant le prochain ralentissement économique. Le chômage restera faible à mesure que de plus en plus d’adolescents prendront leur retraite. » Deloitte note également qu’il y aura beaucoup d’emplois pour les Canadiens en âge de travailler et de fortes augmentations de salaire, un facteur clé du climat de consommation.
Moins sombre qu’il n’y paraît
Alors que des politiques monétaires plus strictes augmenteront le coût du service de la dette, Deloitte affirme que cela réduira également le taux d’augmentation du coût de la vie, ce qui est bon pour les consommateurs. Par conséquent, la situation n’est pas aussi sombre que les manchettes le suggèrent, souligne l’économiste en chef de Deloitte Canada, Craig Alexander, dans l’étude. L’ancien économiste en chef de la Banque TD convient qu’une inflation élevée et des taux d’intérêt en hausse rapide pourraient mener à une récession, “mais ce n’est pas acquis”. Si l’inflation ne baisse pas comme prévu ou si les banques centrales augmentent les taux d’intérêt au-delà des prévisions (c’est-à-dire au-dessus de 3%), alors un scénario de récession devient possible, a-t-il déclaré.
Attention à la phrase automatique
Deloitte soutient dans son étude qu’il ne faut pas oublier que les récessions peuvent être des événements psychologiques. Les prophéties auto-réalisatrices se produisent lorsque tout le monde s’attend à une récession et se comporte comme si elle était inévitable. Deloitte, dans son étude Deloitte s’attend à ce que les pressions sur les prix ralentissent lentement, alors que l’inflation culmine près de son taux actuel d’un peu moins de 8 % au troisième trimestre de cette année, avant de diminuer progressivement. “En revanche, il n’atteindra pas la cible de 2% fixée par la Banque du Canada au moins avant 2025.” En réponse à l’inflation élevée, la Banque du Canada a commencé cette année à relever son taux cible du financement à un jour. Deloitte s’attend à une nouvelle hausse des taux directeurs en juillet (50 points de base), suivie de hausses supplémentaires de 25 points en septembre, octobre et décembre. “Une dernière hausse début 2023 porterait le taux d’intérêt au jour le jour à 3%, qui devra ensuite se stabiliser. »
Rentable pour le Québec?
Avec une inflation plus élevée aux États-Unis, la Réserve fédérale favorise un taux de resserrement plus agressif. Deloitte s’attend donc à ce que le taux des fonds fédéraux atteigne 3 % d’ici la fin de cette année. À court terme, Deloitte croit que le Québec bénéficiera d’une forte croissance des dépenses publiques, mais une inflation élevée nuira au pouvoir d’achat des consommateurs. “Combiné à la croissance démographique plus faible, ce phénomène va exercer une pression sur les dépenses et l’investissement des ménages. » Le resserrement du marché du travail est un autre facteur influençant la croissance et, à cet effet, Deloitte souligne que le Québec a le deuxième taux de vacance le plus élevé au pays, après la Colombie-Britannique. Ainsi, selon Deloitte, le PIB réel du Québec devrait croître de 2,9 % cette année, avant d’atteindre 1,3 % l’an prochain. Le taux de croissance “normal” lorsqu’il n’y a pas de choc négatif ou positif est plutôt autour de 1,5%, montre Mario Iacobacci.