En revanche, l’anxiété liée au COVID-19 semble être moins présente : parmi les 432 élèves de 3ème et 4ème qui ont répondu à un questionnaire dans les années 2020 et 2021, seuls 6% ont déclaré être très inquiets face à la pandémie, tandis que 19% ont déclaré être modérément inquiets. C’est d’après les travaux de recherche menés par la doctorante Gabrielle Yale-Soulière, au Département de psychologie de l’Université de Montréal, sous la direction de la professeure Lyse Turgeon. Cependant, l’anxiété liée au COVID-19 était modérément associée à des symptômes plus graves de dépression, d’anxiété généralisée et d’anxiété sociale. Il existe également une relation plus faible entre le stress lié à la COVID-19 et le rendement scolaire, selon la doctorante Emmanuelle Ayotte, qui a également contribué à cette étude..

Symptômes d’anxiété généralisée, d’anxiété sociale et de dépression

Gabrielle Yale-Soulière Crédit : photo de courtoisie Dans cette étude, 37 % des étudiants interrogés ont signalé des symptômes graves de trouble anxieux généralisé, tandis que 46 % ont présenté des symptômes modérés. L’anxiété généralisée se caractérise par des inquiétudes difficiles à calmer et s’accompagne de plusieurs symptômes tels que des difficultés de concentration, de la fatigue, des tensions musculaires et des troubles du sommeil. De plus, 32% des jeunes interrogés ont déclaré ressentir beaucoup d’anxiété sociale et le même pourcentage a déclaré que cette anxiété était modérée. Un élève sur deux (52 %) a déclaré éprouver des symptômes de dépression. Ces symptômes étaient élevés pour 26 % d’entre eux et modérés pour les autres. Enfin, l’anxiété de performance liée à la performance scolaire est ressentie par 15% des jeunes et modérément par 18% des répondants. “Nos résultats montrent également que les problèmes décrits ci-dessus sont environ deux fois plus fréquents chez les filles que chez les garçons. De plus, les manifestations sont plus intenses chez les élèves qui ne s’identifient à aucun genre », explique Gabrielle Yale-Soulière.

L’anxiété liée aux performances scolaires : un phénomène mal documenté

Emmanuelle Ayotte Crédit : photo de courtoisie Les résultats préliminaires de cette étude font partie d’un projet de recherche plus vaste dirigé par Gabrielle Yale-Soulière et supervisé par Lyse Turgeon. Ce projet porte sur l’anxiété liée au rendement scolaire chez les élèves du secondaire. Il est l’un des premiers à se pencher sur les enjeux au Québec. « Nous voulions identifier les outils qui pourraient aider à réduire l’anxiété de performance en milieu scolaire et nous sommes rendus compte que ce phénomène est très peu documenté. nous avons donc orienté notre étude dans ce sens », souligne Gabrielle Yale-Soulière. Cependant, il y avait de nombreux pièges. En effet, les vagues successives de COVID-19 ont obligé l’équipe à recruter des participants à distance. “Au départ, nous voulions sonder 2 000 élèves, mais la pandémie nous a amenés à surcharger de travail nos partenaires des cinq écoles”, témoigne la doctorante. Par la suite, obtenir à distance le consentement des 581 parents intéressés n’a pas été facile.

Le projet PASTEL pour atténuer l’anxiété de performance dans les écoles

Parallèlement à la première des trois phases de l’étude, Gabrielle Yale-Soulière s’est intéressée à la manière dont il serait possible de rejoindre les jeunes souffrant d’anxiété de performance. En collaboration avec l’organisme Boscoville, lui qui est également psychopédagogue travaille à développer le programme PASTEL pour réduire l’anxiété liée au rendement scolaire chez les adolescents. Une évaluation est en cours auprès de 48 jeunes. « Il s’agit d’une trousse clé en main qui comprend six ateliers d’une heure pour des groupes de 4 à 12 jeunes sélectionnés en fonction de leurs manifestations d’anxiété de performance », explique Gabrielle Yale-Soulière. Au cours de ces ateliers, nous partageons des stratégies de restructuration cognitive, de résolution de problèmes, d’exposition, d’organisation et d’étude afin qu’ils puissent agir sur leur anxiété de performance, qu’il s’agisse «d’étudier ou de passer le test». « Compte tenu du nombre de participants à notre étude et de certaines limites inhérentes aux questionnaires utilisés, nos résultats ne peuvent être généralisés à l’ensemble des élèves du secondaire au Québec », concluent Mmes Yale-Soulière et Ayotte. Néanmoins, ils offrent des pistes d’exploration pour de futures études et, surtout, confirment l’importance d’aider les jeunes qui en ont besoin à alléger leur fardeau émotionnel.