Publié 12:01 PM Mis à jour à 12h34.
Pauline FROISSART Agence France-Presse
Loin du triomphe de ses débuts à Downing Street en 2019 sous la promesse de livrer le Brexit, le chef conservateur a fait face mercredi à sa journée la plus difficile au pouvoir, en proie à des affaires embarrassantes et à un flot d’accusations de mensonge. Selon plusieurs médias britanniques, une délégation comprenant plusieurs hauts ministres s’apprêtait à lui demander sa démission. Interrogé à ce sujet lors d’une audition devant les chefs de commissions parlementaires, Boris Johnson a répondu qu’il n’allait pas “commenter en direct les événements politiques”. “Nous continuerons avec le gouvernement de ce pays”, a-t-il déclaré, quelques instants après avoir affirmé avoir passé une semaine “merveilleuse”. Sans avertissement, les secrétaires à la Santé Sajid Javid et aux Finances Rishi Sunak ont claqué la porte mardi soir, provoquant l’hémorragie. D’autres membres subalternes du gouvernement ont également jeté l’éponge les uns après les autres, portant le nombre total de départs à plus de 30 dès mercredi après-midi. Boris Johnson est resté combatif. Il a estimé qu’il ne serait pas “responsable” de quitter le pouvoir dans le contexte actuel, entre crise du pouvoir d’achat et guerre en Ukraine. Plus tôt, lors de la séance hebdomadaire de questions-réponses devant les députés, ponctuée de rires et de moqueries bruyantes, Boris Johnson a déclaré que le “mandat colossal” qui lui avait été confié par les électeurs en 2019 lui avait donné pour tâche de “continuer”. Le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a condamné un “triste spectacle” de la fin de la monarchie, tandis que le chef nationaliste écossais du SNP à la Chambre des communes, Ian Blackford, a appelé à des élections anticipées. Une idée que Boris Johnson a rejetée de manière inattendue cet après-midi.
“Au revoir Boris”
Les ministres sortants ont eu des mots durs pour le chef du gouvernement, mettant en cause son honnêteté. Devant des députés, Sajid Javid a expliqué les raisons de son départ, persuadé que Boris Johnson ne changerait pas : “ça suffit”, a-t-il lancé, avant que certains députés ne poursuivent le “au revoir Boris” moqueur entamé par One. Deux. Les démissions de Javid et de son collègue des finances ont été annoncées mardi soir, alors que Boris Johnson venait de présenter ses excuses après un nouveau scandale. M. Johnson a admis avoir commis une “erreur” en nommant Chris Pincher, le whip en chef adjoint responsable de la discipline parlementaire des députés conservateurs, dans son gouvernement en février. Ce dernier a démissionné la semaine dernière après avoir été accusé d’attouchements sur deux hommes. Après avoir affirmé le contraire, Downing Street a admis mardi que le Premier ministre avait été informé dès 2019 d’anciennes allégations contre M. Pincher mais les avait “oubliées”.
“L’intégrité” en question
Pour M. Javid, 52 ans, les Britanniques sont en droit d’attendre “l’intégrité de leur gouvernement”. Boris Johnson a rapidement remplacé les deux lâcheurs en nommant son ministre de l’Education Nahim Zahawi aux Finances et Steve Barclay, jusqu’alors chargé de la coordination gouvernementale, à la Santé. Mais depuis les départs se sont multipliés. Mercredi en début d’après-midi, cinq ministres des affaires étrangères ont annoncé conjointement leur démission, appelant Boris Johnson à se retirer. Une sixième démission entre ministres des Affaires étrangères a suivi quelques minutes plus tard. Selon un sondage Savanta ComRes publié mercredi, 72% des Britanniques pensent que le Premier ministre devrait démissionner. Déjà considérablement affaibli par le scandale des soirées illégales organisées à Downing Street pendant la pandémie de COVID-19, M. Johnson a survécu à un vote de défiance de son propre camp il y a quelques semaines. Mais, selon la presse britannique, en coulisses, les anti-Johnsons manœuvrent pour permettre un nouveau vote rapidement, modifiant la règle actuelle qui protège le chef du gouvernement pendant encore 11 mois. Le bureau exécutif du puissant « Comité de 1922 », chargé de régler l’affaire, devait se réunir mercredi après-midi.