• Lire aussi : Mobilisation en soutien à Raif Badawi : un long chemin à parcourir • A lire aussi : La femme de Raïf Badawi espère toujours rapatrier son mari • Lire aussi : L’Arabie saoudite réaffirme l’interdiction de voyager pour le blogueur Raif Badawi “Je lui ai dit de prendre son temps… Il a été emprisonné pendant 10 ans ! “Mais il s’inquiète toujours pour moi, comment j’arrive à payer le loyer et la nourriture”, a déclaré sa femme, Ensaf Haidar. Les efforts de son mari, qui a été reconnu coupable de sa position en faveur des droits humains en 2012 et libéré en mars dernier, sont actuellement vains. Et cela, même s’il est prêt à travailler dans n’importe quel domaine, souligne sa femme. En attendant de gagner sa vie et de retrouver sa famille, Raïf Badawi retrouve peu à peu son orientation dans son pays d’origine qui a profondément changé pendant sa captivité. On peut voir l’homme de 38 ans déambuler dans les rues de Djeddah, un grand port près de la mer Rouge où il vit désormais. “Tout ce que Rife a écrit s’est réalisé. “Les femmes peuvent désormais conduire, la police religieuse a moins d’influence qu’avant”, a déclaré Haidar dans un long entretien avec Le Journal. C’est bien sûr une source de joie pour celui qui s’est battu au péril de sa vie pour développer ce royaume du golfe Persique, réputé pour être très conservateur. pas si libre Néanmoins, il lui manque encore la liberté de voyager et de s’exprimer pendant les 10 prochaines années. “Oui, il est libre, mais il n’est pas si libre”, rappelle l’Ensaf à qui l’écoute. “Il sera vraiment libre quand nous serons tous ensemble, sous le même toit. » Petite consolation, Raïf peut désormais voir sa sœur, appeler sa famille par vidéo (voir ci-dessous), manger ce qu’il veut et dormir dans un lit confortable. Cela change de la prison, où il était habitué à des repas “dégoûtants” et à un lit superposé, dans une cellule partagée par une vingtaine de criminels, raconte Haidar. Figure bien connue, tant à l’international qu’en Arabie Saoudite, Raïf Badawi est aussi reconnu par les passants dans la rue. “Certains sont très chauds [avec lui]et d’autres qui étaient contre ses idées”, décrit son épouse. Il a été noté pour la vie Dans ces circonstances, il déclare que Rife se porte bien. Evidemment, “il n’est pas capable de tout dire, il a des sentiments mitigés”, souffle-t-il. Si son emprisonnement et les 50 coups de fouet qu’il a reçus en 2015 appartiennent au passé, les cicatrices mentales existent toujours.
Des appels vidéo précieux… en attendant
Après 10 années entières à lui parler très rarement au téléphone, les proches de Raïf Badawi passent désormais des appels vidéo avec lui à tout moment, même lors de la préparation du dîner. “On se parle tout le temps, tout le temps, tout le temps ! s’exclame sa femme, Ensaf Haidar, réfugiée au Québec — avec leurs trois enfants. “La première fois que les enfants l’ont revu, ils ont dit : ‘Oh mon Dieu, papa a les cheveux blancs !’ plaisante-t-elle en faisant référence à l’appel vidéo tant attendu du 11 mars, jour de sa libération. Miriyam, la cadette de Raïf, avait 4 ans la dernière fois qu’elle a vu son père. Il est maintenant 14. Quant à Ensaf, rires et larmes de soulagement se sont mêlés quand elle a enfin revu le visage de son mari après si longtemps. “C’est simplement venu à notre connaissance à ce moment-là. Il a le même sourire, le même regard. “J’ai vu de l’amour et de l’espoir dans ses yeux”, décrit Haidar. pâle copie Pendant une décennie, sa famille a dû se contenter d’appels courts et peu fréquents depuis un téléphone public dans une prison saoudienne. Au lieu de cela, les appels vidéo font désormais partie de leur routine quotidienne. “On cuisine ensemble à distance, on peut s’appeler quand on veut ! dit l’Ensaf. Quelques minutes plus tard, elle sera interrompue par un bref appel de son mari. Bien sûr, cette communication constante n’est qu’une pâle copie de la vie qu’ils auraient pu vivre si l’Arabie saoudite n’avait pas interdit à l’ancien prisonnier politique de quitter le pays. L’Ensaf elle-même a peur de rentrer avec ses enfants, compte tenu des risques sécuritaires. J’espère me reconnecter À Sherbrooke, les passants lui demandent souvent quand Raïf pourra enfin l’accompagner. “En fait, je ne sais pas quand ce jour viendra. Mais quand il est là, on peut se promener autour du lac [des Nations]aller à Orford, partout », dit-elle et des étoiles plein les yeux. Ensaf Haidar espère toujours que le prince héritier Mohammed bin Salman, considéré comme moins conservateur par son père, réduira la peine de son mari afin que leurs retrouvailles puissent avoir lieu plus tôt que prévu. Et aussi pour que le ministre de l’Immigration du Canada lui accorde la citoyenneté, comme l’ont demandé à maintes reprises les élus canadiens. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Avez-vous un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.