Pour vous aider à mieux comprendre le trumpisme, voici quatre films qui, chacun à sa manière, ont annoncé l’arrivée du Grand Orange.  JOE, C’EST AUSSI L’AMÉRIQUE (1970) Réalisé par John G. Avildsen six ans avant son mégasuccès Rocky, ce film coup-de-poing qui met en vedette Susan Sarandon est aujourd’hui totalement oublié.  Mais il s’agit d’une des œuvres les plus singulières du Nouvel Hollywood, cet âge d’or du cinéma américain qui est né avec Bonnie and Clyde (1967) et qui a été lâchement assassiné, 10 ans plus tard, par le triomphe mondial de Star Wars.  L’histoire raconte comment Joe, un col bleu fort en gueule (incarné de façon magistrale par Peter Boyle, qui reprendra plus ou moins le même personnage dans le mythique Taxi Driver), part à la chasse aux hippies.  Frustré, trouvant qu’il a été abandonné par son pays et se sentant menacé par une culture antiestablishment qui le rejette, lui et les valeurs patriotiques qu’il représente, cet ouvrier finit par développer une haine des jeunes. La fin, glaciale, est l’une des plus percutantes du cinéma américain. Un diamant noir qu’il faut absolument redécouvrir. Titre original : Joe. NETWORK (1976) Alors que la crise du pétrole et l’inflation galopante étouffent l’Amérique (ça ne vous rappelle pas quelque chose ?), un lecteur de nouvelles qui traverse une grave dépression menace de se suicider en direct. Au lieu de le retirer des ondes, ses patrons (qui sentent que les Américains ont besoin de canaliser leur colère et leurs frustrations) lui donnent au contraire sa propre émission d’affaires publiques.  Du jour au lendemain, cet homme (qui n’a visiblement plus toute sa tête) devient un véritable gourou, encourageant les spectateurs à se révolter contre les institutions et les élites qui « mentent au peuple » ! Critique virulente des médias, ce chef-d’œuvre de Sidney Lumet a annoncé la création de Fox News… vingt ans avant sa naissance !  L’un des plus grands scénarios de l’histoire du cinéma. FALLING DOWN (1993) Meilleur film de Joel Schumacher, un tâcheron médiocre qui a failli tuer la franchise Batman avec ses deux nanars psychédéliques, ce long-métrage mettant en vedette un Michael Douglas méconnaissable raconte comment un employé de bureau sans histoire se transforme en machine de guerre après avoir été pris dans un embouteillage monstre. Frustré par la rectitude politique, attaqué par un gang de latinos et méprisé par un employé de dépanneur coréen, cet homme hétérosexuel blanc pète les plombs et tire dans le tas.  Si cette histoire se déroulait aujourd’hui, le personnage de Douglas porterait une casquette MAGA et applaudirait la récente décision de la Cour suprême sur l’avortement.  FIGHT CLUB (1999) Ou comment un bobo qui est tanné de vivre dans un monde de plus en plus aseptisé rejoint les rangs d’une bande de conspirationnistes hyperviolents qui fomentent une révolution sanglante et virile.  Dois-je vraiment en dire plus ? Un chef-d’œuvre qui a tout vu, tout prévu. Du grand David Fincher.