Posté hier à 21h28.
Jacob SerebrinLa Presse Canadienne
L’avocat Michel Déom a déclaré au juge de la Cour suprême Michel Yergeau que le problème n’était pas le pouvoir lui-même, mais plutôt son exercice abusif par certains policiers. Me Déom a fait son dernier appel dans une affaire initiée par un homme noir de Montréal et l’Union canadienne des libertés civiles. Selon eux, les interpellations aléatoires violent le droit à l’égalité protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Selon l’avocat du gouvernement, il appartient aux forces de police et aux organes de contrôle tels que les comités d’éthique de lutter contre le profilage racial chez les policiers. Joseph-Christopher Luamba de Montréal dit avoir été interpellé par des policiers, sans raison valable, près d’une dizaine de fois. C’est lui qui, avec l’Union canadienne des libertés civiles, conteste la constitutionnalité de ces pratiques d’interpellation des conducteurs sans motif de croire qu’une infraction a été commise. En revanche, les plaignants ne s’opposent pas à des opérations policières structurées telles que des barrages routiers pour identifier les conducteurs en état d’ébriété, par exemple. Pour l’avocat Bruce W. Johnston, qui représente l’Association canadienne des libertés civiles, le pouvoir des policiers d’arrêter au hasard des automobilistes ouvre la porte à une utilisation arbitraire et discriminatoire de ce pouvoir. “Ce pouvoir n’est pas utilisé au hasard, mais de manière discriminatoire et fortement préjudiciable à l’encontre des personnes noires et racialisées”, lit-on dans un résumé des arguments présentés par Me Johnston et son collègue Me Lex Gill. Pour les plaignants, le fait que les contrôles aléatoires affectent les conducteurs noirs, et les conducteurs noirs en particulier, devrait reconsidérer l’argument selon lequel cela constitue une restriction grave à la liberté de circulation. Si le juge Yergeau est d’accord avec les plaignants, il devrait également renverser une décision de la Cour suprême du Canada datant de 1990. Dans cette décision, la cour a statué que les arrêts au hasard étaient le seul moyen d’empêcher les gens de conduire sans permis ou de commettre d’autres infractions telles que conduire avec une ceinture de sécurité défectueuse ou conduire sous l’influence de l’alcool. Me Déom n’a pas soumis de nouvelle preuve, arguant que le fardeau d’infirmer la décision de la Cour suprême incombe aux plaignants. Par contre, concernant la réalité du profilage racial au Québec, plusieurs policiers ont témoigné que le corps policier a pris l’affaire au sérieux et l’a attaqué. Le juge Yergeau a cependant semblé remettre en cause cette vertu. « Combien de générations faudra-t-il pour s’assurer que ce droit de la Charte des Noirs soit respecté lorsqu’ils conduisent leur voiture ? demanda le juge. Le procès, qui a débuté le 30 mai, doit s’achever ce jeudi après une dernière journée de plaidoiries.