Un “nom” qui a surpris les intéressés alors, mais aussi à la sortie de l’Hémicycle. “Lors de notre conversation, évidemment je lui aurais dit que l’épidémie de Covid-19 augmentait, mais en fait, elle nous a invités à une réunion du comité de liaison sur le sujet. Alors, oui, on a parlé de la situation de l’épidémie , mais je je vous assure que ma contribution au débat sera plus riche que ça”, a réagi Boris Vallaud, le patron des députés socialistes, interpellé par Elisabeth Borne lors de son discours sur l’état de l’hôpital public. Pour Julien Bayou, le coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, cette volonté affichée par le Premier ministre de “donner du sens à la valeur compromise” n’y change rien. “Il ne faut rien conclure. Le gouvernement continue de donner le change”, analyse le Parlement européen pour l’Ecologie-Les Verts. André Chassaigne, le patron du groupe communiste, également évoqué par le chef du gouvernement, préfère ironiser : “Le petit jeu de citer les uns et pas les autres en se basant sur des valeurs supposées démocratiques est plutôt puéril… mais amusant.” André Chassaigne, député PCF chez franceinfo Même du point de vue de certains membres de la majorité, on ne comprenait pas vraiment quel était l’objectif que poursuivait le premier ministre. “Ça n’apporte pas grand-chose de dire des mots pareils présidents de groupe, on le fait quand on est président de communauté pour remercier tout le monde mais là… C’est un artifice de rhétorique.” Membre de la majorité chez franceinfo Du côté de Matignon, on veut calmer le jeu et rappeler qu’il n’y a pas forcément de tactique politique derrière. “La première ministre a eu l’occasion de le dire dans sa déclaration de politique générale : nous chercherons un compromis sans compromettre nos valeurs”, explique son entourage. Le MoDem, partenaire historique de la macronie, dit aussi “comprendre” l’intention du locataire de Matignon. “Lors de mon entretien avec Elisabeth Borne, nous avons discuté et soulevé des questions et j’ai ressenti beaucoup d’écoute de sa part”, assure Jean-Paul Mattei, président du groupe centriste à l’Assemblée. Mais un autre problème se pose pour les députés du Rassemblement national et de La France Insoumise : le choix d’Elisabeth Borne sans oublier Marine Le Pen et Mathilde Panot, les présidentes de groupe de ces deux partis. Au RN, plusieurs députés crient à la “discrimination”. “Nous sommes la première force d’opposition politique, mais Elizabeth Bourne décide qui sont les gentils et qui sont les méchants.” Un député RN chez franceinfo “Elle pense avoir réussi le tour politique de l’année avec son sourire en coin, mais je pense qu’elle a particulièrement bien fait de le dire à Edith Cresson, car je lui vois le même sort”, s’étonne encore cette députée RN anonyme. Chez LFI, les critiques sont tout aussi dures. “Je ne comprends pas ce choix. Mais étant donné que pour Gérald Darmanin nous sommes ennemis, cela ne m’étonne pas”, peste Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône. “Elizabeth Bourne a peut-être senti que certains groupes n’étaient pas écoutés, mais je n’y vois ni signe politique ni indice de marginalisation du RN ou de LFI.” Jean-Paul Mattei, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale chez franceinfo La décision d’exclure ces deux familles politiques de son discours et donc la possibilité de travailler avec elles pendant le quinquennat, est prise par Matignon. La raison : la motion de censure déposée par la coalition de gauche contre le gouvernement, une demi-heure seulement avant la déclaration de politique générale d’Elizabeth Bourne. “La motion de censure de la France insoumise avant même que le discours du Premier ministre ne vous ait échappé”, confie un conseiller politique à Matignon.