Posté à 5h00
Émilie Bilodeau La Presse
En pleine crise du logement, près de 500 logements à loyer modique (HLM) sont présentement saisis ou complètement vacants à Montréal. Au total, 372 logements ont été libérés ces dernières années car ils nécessitaient des travaux de réfection majeurs. 119 autres appartements, répartis dans quatre bâtiments différents, ont brûlé et doivent également être rénovés. C’est donc un total de 20 adresses condamnées ou vacantes aux quatre coins de la ville de Montréal. PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE HLM La Pépinière, rue Albani, à Mercier–Hochelaga-Maisonneuve “Bien sûr ce nombre est énorme quand on sait qu’il y a des dizaines de locataires qui n’ont pas trouvé de nouveau logement pour le 1er juillet. Certains ménages doivent être hébergés chez un proche, d’autres sont déplacés vers des hébergements d’urgence », explique Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire pour le renouveau urbain (FRAPRU). PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE Véronique Laflamme, représentante du Front d’action populaire pour le renouvellement urbain Mais ce chiffre montre l’indifférence des gouvernements à l’égard du logement social. Véronique Laflamme, représentante du FRAPRU L’Office de l’habitation municipale de Montréal (OMHM), qui gère ces 20 immeubles vétustes, disposait d’un budget annuel d’environ 83 millions de dollars entre 2008 et 2019. Avant cette date, l’organisme recevait entre 30 et 50 millions de dollars annuellement. Puis l’an dernier, il a reçu 94 millions grâce à l’entente Canada-Québec pour la rénovation de 650 maisons. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE HLM Chester, Avenue Walkley, à Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce L’OMHM doit prendre des décisions avec le budget qui lui est alloué, explique Mathieu Vachon, directeur du service des communications de l’organisme. “Parfois nous effectuons des travaux en présence des locataires, d’autres fois nous les déplaçons. Les deux voies ont un impact sur la vie des gens. Être déraciné de son environnement est traumatisant et douloureux pour certaines personnes. Et quand on fait des travaux et que les locataires sont présents, c’est aussi embêtant”, explique-t-il. PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE HLM Beaudry, rue La Fontaine, dans la municipalité de Ville-Marie M. Vachon rappelle que l’OMHM gère un parc de logements de 23 041 portes, dont 20 810 HLM. Ainsi, les 491 logements vacants ne représentent que 2 % de l’ensemble des logements gérés par son organisme. Ce pourcentage est également relativement stable d’une année sur l’autre, soutient-il. « Des maisons sont rénovées tandis que d’autres tombent en ruine. Celles-ci seront ensuite rénovées à leur tour », précise-t-il. “Mais c’est encore trop”, avoue-t-il, loin de jouer à l’autruche. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE HLM Saint-André, rue Saint-Timothée, dans la municipalité de Ville-Marie. Les travaux se poursuivent sur cet immeuble majeur de 108 logements. D’ici 2024, 45 % de ces logements vacants seront rénovés, assure l’OMHM. Des travaux majeurs ont également débuté au HLM Saint-André, à Ville-Marie, un grand immeuble de 108 logements.
“Choix impossibles”
Selon la Fédération des locataires HLM du Québec (FLHLMQ), la vétusté des logements est causée par le sous-financement et non par une mauvaise gestion budgétaire. PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE HLM Morgan-Lafontaine, rue de Chambly, à Mercier–Hochelaga-Maisonneuve Le manque d’argent oblige le bureau de Montréal à faire des « choix impossibles », « des choix fous », confirme Robert Pilon, animateur à la FLHLMQ. « Entre les habitants d’immeubles moisis et les tours d’appartements dont il faut réparer les toits qui fuient pour éviter un travail exponentiel, que fait-on ? Qui choisir et qui sacrifier ? demande M. Pilon, qui a pourtant critiqué le travail de l’OMHM à quelques reprises dans le passé. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE HLM Terrasse Coursol, rue des Seigneurs, au sud-ouest M. Pilon explique que les investissements de la Société d’habitation du Québec ont permis à 12 régions du Québec de remettre en bon état leur parc immobilier depuis 2017. C’est notamment le cas du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En même temps, dans le rapport sur l’état de santé de tous les HLM de la province, on constate qu’au lieu de s’améliorer, la situation s’aggrave à Montréal. Il y a plus de bâtiments classés D [mauvais état] et E [très mauvais état] aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Robert Pilon, coordonnateur FLHLMQ À Montréal, la moitié des HLM sont cotés D ou E. Avec Laval, ce sont les deux pires endroits au Québec pour vivre dans une maison à loyer modique, ajoute M. Pilon. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE HLM Îlots Saint-Martin, rue Saint-Antoine, au sud-ouest Véronique Laflamme, du FRAPRU, estime que 24 000 ménages locataires sont en attente d’une place en HLM. Cette liste s’allonge de mois en mois, indique celui qui exhorte les gouvernements à investir dans la rénovation, mais aussi dans la construction de nouveaux logements sociaux. Mercredi dernier, Québec a annoncé la construction de 3 000 logements abordables d’ici 3 ans. La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a promis une bonne répartition géographique de ces maisons à travers la province. Il a mentionné la construction dans les régions de Sherbrooke, Granby, Rimouski et Trois-Rivières. En collaboration avec Vincent Larouche, La Presse