Il y a des jours où, en pays Nougaro, on aimerait le chanter sur les toits : vive le métro. Ce mercredi 6 juillet 2022, les usagers des deux lignes du réseau du métro toulousain ont dû faire face à une panne majeure, qui devrait durer au moins jusqu’à jeudi. En litige ? Incendie dans le tunnel du métro. La tuile. Résultat : des centaines de milliers d’usagers ont redécouvert les joies des célèbres substituts de bus, à la fois bondés et pressés. J’ai eu l’heureuse expérience de faire partie de ces nombreux passagers d’un jour du bus entre Balma-Gramont et Jean-Jaurès… Quel bonheur.

La (très) longue attente des bus de remplacement

11h25 mercredi. Au lieu du quart d’heure qu’il faut habituellement pour se rendre au Capitole, je prends mes précautions et prévois une heure pour rejoindre le cœur de la ville depuis Balma-Gramont. J’arrive à 11h30 à la gare, j’espère que Tisséo a mis le paquet sur les fameux bus de remplacement, qu’ils prennent en charge en cas de panne. Un quart, une demi-heure… Les minutes passent, le soleil se couche et pas l’ombre d’un bus. Le temps ralentit, les esprits s’échauffent : « Vous êtes sûr qu’il y a beaucoup de bus ? demande un homme agacé à un agent Tisséo. Puis le bus gris flanqué du logo Linéo et du numéro 14 a attendu au moins aussi longtemps que les nouvelles de l’Hyperloop à Francazal. Les gens se pressent, ils se battent, certains frappent presque pour se frayer un chemin. Les agents de Tisséo, démunis, subissent censure et critiques. Il faut dire qu’avant même le premier arrêt, tout le monde ne peut pas monter : “Ne vous pressez pas, un autre bus arrive”, tamise un agent. Il est 12h09. Enfin nous montons dans un bus Tisséo et repartons. Presque, car le chauffeur part. “Que se passe-t-il ?” demande une femme médusée. “Le chauffeur fait une pause toilette, car il ne peut pas y aller depuis ce matin”, répond un vigile, venu s’assurer qu’en l’absence du chauffeur, les passagers ont l’idée de plaisanter en se procurant un conducteur en herbe. La ligne A du métro est hors service, les passagers se précipitent pour prendre des bus de remplacement à Balma-Gramont (©GL / Actu Toulouse)

Le bus gronde sur la colline de Jolimont « On est trop plein ! dit le chauffeur

Voici de nouveau le Messie. Le bus est parti et il y a beaucoup de monde. Tellement de monde qu’ils s’arrêtent à peine aux prochains arrêts, ouvrant et fermant les portes illico sur les passagers agacés. Tellement de monde que le chauffeur était sur la colline de Jolimont. Ici, au Tourmalet à Toulouse, le bus ronronne, presque à l’arrêt, le chauffeur rigole : « On est bien plein, mais ça doit passer ! “. 12h35, le bus, toujours tassé comme un œuf, franchit le redoutable col. Nous voici au sommet de Jean-Jaurès. Je décharge et prends une bouffée d’air frais, après un voyage étrange, dans la sueur et la chaleur. Je suis en retard pour mon rendez-vous. Ce n’est pas très classe. Mais sous couvert de l’effondrement de Tisséo, il passe.

Le chauffeur a travaillé ses heures… et les abandonne toutes

Environ deux heures et demie plus tard, il était temps de repartir. Et quel retour. 15h05, je suis de retour à ma place à Jean-Jaurès pour le retour. Quel bonheur, encore. Je discute avec les agents de Tisséo, qui tentent tant bien que mal de rassurer les passagers : « Cela peut prendre trois jours, mais il y a des bus ! “. Environ 10 minutes plus tard, ça y est, le bus. Il y a du monde, sans doute un peu moins qu’à la sortie, et j’arrive à monter. Vidéo : actuellement sur Actu Un premier arrêt au sommet de Jean-Jaurès, puis arrivé à Marengo, les passagers se plaignent, sans comprendre pourquoi. « Il faut qu’il descende ! tourmente une femme. “Pourquoi ?”, lui demandons-nous. “Le chauffeur dit qu’il a fait ses heures et qu’il n’a pas d’autre choix.” J’acquiesce et vais demander au chauffeur. Impassible, il répond : “J’ai fait mes heures, je dois retournez.” Mes compagnons de voyage et moi tournons les talons, déçus. “Bienvenue dans nos lignes”, est inscrit sur le devant du bus lorsque vous descendez. “Bienvenue sur le trottoir”, devraient-ils dire. Après avoir déposé tous les passagers à Marengo, à mi-parcours (“J’ai fait mon horaire limite”, explique-t-il), le chauffeur leur indique où ils doivent se rendre pour essayer d’attraper un autre bus et terminer leur course (©GL /Actu Toulouse)

Grève du train, panne du métro… et descente du bus !

“C’est un scandale”, s’exclame une grand-mère en désignant le chauffeur. « Tisséo, voleurs ! s’exclame sa voisine. C’est bien connu à Toulouse, même les grands-mères… Et puis là, sur le trottoir et en dessous de 30°C, je rencontre Sylvie et Marie-Laure. Descendues du bus, comme moi, et quelque peu désorientées, les deux femmes errent en attendant qu’un autre chauffeur qui n’a pas travaillé ses heures accepte de prendre des passagers. Venant de Carcassonne pour une journée shopping dans la Ville Rose, ils se souviendront longtemps de leur trajet pour rejoindre le centre de la capitale occitane. Arrivés ce matin en gare de la ville d’Aude, ils n’ont pas pu prendre le train en raison de la grève des cheminots et n’ont pas non plus pu être indemnisés par la SNCF. Après tout, de quoi se plaint-on ? Faute de TER, ils prennent la voiture, direction Toulouse, où ils comptent prendre le métro jusqu’à la gare de Balma-Gramont. Avant que le chauffeur ne les dépose, les Audoises découvrent les joies des bus de substitution dans la Ville rose : « C’est toujours comme ça, à Toulouse ? ils me chuchotent Sur le trottoir, il y a de quoi remplir trois bus. 15h40, en voici un. C’est déjà bien chargé. Tout le monde regardait le chauffeur, une conductrice en l’occurrence, avec un regard : nous voudront-ils cette fois ? Le bus est déjà plein, mais peu d’entre nous parviennent à monter à bord. « Montez, ça va ! s’exclame une femme, tout sourire. Je me conforme, avec mes proches.

Il court après le bus

Serrés comme dans une boîte de sardines, ballottés comme dans un panier à salade, les passagers tentent d’agripper les barres jaunes. Pas pour faire de la pole dance, plus pour éviter d’atterrir aux urgences. Le conducteur roule à toute allure et au moindre virage, malgré eux, les passagers s’enlacent. Le mercure est proche des 30°C dans la Ville Rose. Et à Toulouse, c’est bien connu, on aime aussi la chaleur humaine. Mieux que Tinder, il y a Tisséo. Plus d’odeurs. Les passagers étaient entassés comme des sardines sous la chaleur torride des bus de remplacement de Tisséo ce mercredi (©GL / Actu Toulouse) Le bus accordéon passe devant les arrêts de bus sans même pouvoir s’arrêter. Un homme se met en colère, revient en courant, heurte le corps et le dépasse à un carrefour : « Prends-moi, mais prends-moi ! s’exclame-t-il. “Je ne peux pas, je n’ai vraiment plus de place”, répond le chauffeur. Le bus arrive à Balma-Gramont, plein à craquer. Certains transpirent, d’autres toussent, sans masque bien sûr. “Si je n’attrape pas Covid avec ça”, me murmure un homme. « Mais ça va, j’ai mes doses ! “. Moi aussi, j’ai eu ma dose. Il est 15h57, le calvaire est passé. Et vive le métro. Est-ce que cet article vous a aidé? A noter que vous pouvez suivre Actu Toulouse dans l’espace My Actu. En un clic, après inscription, vous retrouverez toutes les actualités de vos villes et marques préférées.