Une présidence par intérim qui s’étire à gauche. Ce mardi, le député des Bouches-du-Rhône sous l’étiquette Rassemblement national José Gonzalez a ouvert la première session de la nouvelle Assemblée nationale en sa qualité de doyen. Lors de son allocution, l’élu a mis en avant son parcours personnel, né en Algérie avant les accords d’Evian. “J’y ai laissé une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu son âme meurtrie à jamais”, a-t-il déclaré avant de démissionner. Cette pause dans son discours fut suivie d’applaudissements dans l’Assemblée, qui avaient le don de troubler les camps de Noupes.
“Angoisse”
“C’est étrange que quelqu’un soit venu exprimer sa nostalgie de l’Algérie française et qu’il y ait un parti qui l’ait applaudi”, a déclaré au micro Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste. Il a ajouté que c’était un signe supplémentaire que “le front républicain s’effondre”. “La rentrée de la 16e législature et des applaudissements nourris pour le discours du doyen de l’Assemblée (RN) en forme d’ode à l’Algérie française. Agonie”, a dit la députée drômoise Marie Pochon, qui a également été élue la balise Nupes. Même son de cloche pour sa collègue élue du Bas-Rhin Sandra Regol, qui se dit « sidérée » par les applaudissements et qui parle de « recul ».
“La diabolisation a été démolie”
La colère des élus de gauche ne s’est pas apaisée après la rencontre, puisque José Gonzalez a poursuivi ses déclarations devant des journalistes. “Si je vous emmène avec moi en Algérie, (…) à Djebel, vous verrez beaucoup, beaucoup d’Algériens qui n’ont jamais rencontré la France et qui nous disent : ‘Monsieur, quand reviendrez-vous ?’”, a-t-il dit. expliqué. “Honnêtement, je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes, je ne sais même pas ce qu’était l’OAS ou presque rien”, a-t-il également assuré aux journalistes. Une déclaration qui a provoqué la réaction de l’écologiste Sandrine Rousseau à notre micro. “C’est inadmissible dans ce demi-cercle là. (…) Je trouve que cette nostalgie de la colonisation au sein du demi-cercle nous dit à quel point la diabolisation est tombée. Il n’a fallu qu’un discours pour tomber”, a-t-il dit. Si ce discours tend vers la gauche, la Coalition nationale ne semble pas du tout gênée. En effet, le président du parti Jordan Bardella a souligné un “discours émouvant et fédérateur” de José Gonzalez. “Cela nous a tous rendus fiers”, a-t-il ajouté. Pour Louis Alliot, maire RN de Perpignan, il ne s’agit que d’un point de vue personnel du député. “Le discours de M. Gonzalez faisait référence à sa vie en Algérie, qui était sa patrie, et où il a enterré ses grands-parents”, a-t-il déclaré. Une première dispute qui devrait mettre en lumière les tensions entre les deux blocs d’opposition dès le premier jour de cette nouvelle Assemblée.