De passage dans un supermarché d’Ottawa, le ministre canadien de la Santé Jean-Yves Duclos a dévoilé le nouveau symbole à apposer sur ces aliments. Nous savons qu’il n’est pas toujours facile de faire des choix plus sains, a déclaré le ministre. Nous avons besoin de moyens rapides et faciles pour savoir quelles options sont les plus saines. De très petits changements dans notre alimentation peuvent faire une grande différence, a-t-il soutenu.
Se retrouver mieux dans la “jungle” de l’épicerie
«Enfin», a déclaré Paule Grenier, présidente du Bataillon des diététistes du Québec (ODNQ). Nous savons que tous les consommateurs ne prennent pas le temps de retourner le produit pour lire le tableau nutritionnel. Encore une fois, tout le monde ne peut pas le lire, ajoute-t-il. Les céréales pour petit-déjeuner avec sucre font partie des produits visés par la nouvelle réglementation. Photo : Radio Canada Un tel aménagement était devenu incontournable, selon Mme Grenier. S’il n’y avait pas autant de pression industrielle et autant de liberté de commercialisation [des aliments ultratransformés], nous ne serions pas là, dit-il. Si nous en sommes là, c’est parce que c’est nécessaire en termes de santé publique. “C’est la jungle à l’épicerie. » – Un extrait de Paule Bernier, présidente de l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec Cependant, le gouvernement fédéral donne trois ans et demi à l’industrie agroalimentaire pour s’adapter. La nouvelle réglementation en matière d’étiquetage n’entrera pas en vigueur avant janvier 2026. Santé Canada cible les graisses saturées, le sucre et le sodium par le biais de nouvelles réglementations sur l’étiquetage nutritionnel sur le devant de l’emballage, en raison de preuves solides établissant un lien entre la surconsommation et un risque accru de maladie chronique. Reportage d’Aimée Lemieux suivi d’une entrevue avec Isabelle Marquis, nutritionniste et experte en marketing alimentaire.
Exceptions notoires
Mais certains aliments sortiront de cette nouvelle réglementation. Cela s’applique, entre autres, au lait, au beurre, au fromage et à la viande hachée. Dans un communiqué de presse, le ministre Duklos a nié avoir succombé aux pressions des lobbies de l’industrie. Cette décision serait, selon lui, le fruit d’un excellent travail de concertation et de concertation avec toutes les parties prenantes. Cette exception est un grand soulagement pour Jean-Thomas Maltais, président de l’Association des producteurs de bovins du Québec. On a vu la date approcher et on s’est découragé… on s’est dit : « Pourquoi la viande hachée est-elle différente du rôti ? Cela n’avait aucun sens, a-t-il dit, notant que 50% du boeuf consommé au Canada est haché. Le président de l’Association des producteurs de bovins du Québec, Jean-Thomas Maltais. Photo : Radio-Canada / Martin Chabot Son association, membre de la Canadian Cattlemen’s Association (CBCA), pousse depuis quelques semaines la colline du Parlement à exclure ces produits de la nouvelle réglementation. “Ce serait une catastrophe. Cela aurait tué notre industrie. » – Extrait de Jean-Thomas Maltais, président de l’Association des producteurs de bovins du Québec Et les producteurs sont soutenus par des experts alimentaires sur cette question. Exclure ces produits de la liste, c’est bien, selon Bernard Lavallée, connu sous le pseudonyme Urban Nutritionist. Ce sont des produits frais, non transformés, auxquels rien n’a été ajouté, a-t-il déclaré dans une interview, jugeant les préférences de tout produit sur-transformé. Il insiste : il est important de ne pas diaboliser ces aliments, ajoute-t-il. Il vous invite également à les inclure avec parcimonie dans votre alimentation. Avis partagé par la présidente de son bataillon professionnel. L’énergie qu’il faut donner pour identifier les produits performants… déjà, c’est beaucoup, dit Paule Bernier. Ce n’est pas un plan parfait, mais c’est un grand pas en avant, ajoute-t-il.
Une approche appropriée ?
Mais tout le monde n’est pas aussi enthousiaste à l’égard de la stratégie d’Ottawa. C’est le cas de Stéphanie Côté, nutritionniste et auteure de Bien acheter pour mieux manger. On craint qu’il n’effraie les gens et n’encourage la culture de la nutrition. Je ne suis pas fan des approches négatives, qui disent aux gens ce qu’il ne faut pas manger. Au lieu de cela, nous devons changer les habitudes de manière positive, en nous concentrant sur l’éducation et la promotion des fruits et légumes, par exemple, dit-il. “Personne n’achète un pogo en se disant : ‘C’est bon pour ma santé’… Faut-il que je culpabilise ? Est-ce le meilleur moyen de convaincre ? » – Un extrait de Stéphanie Côté, nutritionniste et auteure Bernard Lavallée se méfie aussi de l’industrie. Ne mettant l’accent que sur trois nutriments – le gras, le sel et le sucre -, il craint qu’Ottawa ne pousse les fabricants à revoir leurs recettes et à tenter de présenter désormais leurs produits comme sains. Une boisson gazeuse, même sans sucre, reste un produit hautement transformé et doit être évitée, dit-il, ajoutant que les études tendent à montrer qu’il s’agit de la transformation des produits eux-mêmes et non d’ingrédients spécifiques. causer des problèmes de santé. Lors d’une conférence de presse, le ministre Jean-Yves Duclos a assuré que ce nouveau label repose sur des preuves scientifiques et que ses bienfaits sont largement reconnus par les scientifiques et experts d’organisations mondiales, dont l’OMS. Il a cité en exemple de nombreux pays, dont le Chili, qui ont connu une baisse significative de la consommation de sucre et de sel suite à l’adoption de réglementations similaires.