M. Legault a brièvement commenté le verdict du régulateur, qui a suscité la controverse depuis sa publication la semaine dernière. «Je pense que c’est le CRTC qui devrait s’excuser», a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse à Venise-en-Québec, diffusée en ligne par la Coalition avenir Québec (CAQ), à l’occasion de l’annonce de la candidature locale. Le bureau du Premier ministre a ensuite précisé pourquoi M. Lego avait présenté ces excuses. “Parce que selon nous, et pour un grand nombre de journalistes et d’anciens journalistes, cette décision du CRTC est une grave atteinte à la liberté d’expression”, a réagi l’attaché de presse Ewan Sauves. La liberté de la presse est fondamentale au Québec et il est essentiel de maintenir l’indépendance des journalistes. » Dans une lettre reçue Le devoirLa ministre québécoise de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a demandé mardi à son homologue fédéral Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien, d’intervenir pour empêcher toute ingérence dans la liberté de la presse à la suite de cette décision du CRTC. “C’est une porte maintenant qui s’ouvre sur une censure désincarnée de tout cadre permettant une meilleure compréhension du passé”, écrit-il. Par conséquent, il est de notre responsabilité collective envers les générations actuelles et futures de permettre la libre circulation des connaissances et des histoires qui nous ont façonnés, en particulier dans les émissions d’affaires publiques. » Lundi, Mme Roy avait déjà exprimé sa solidarité avec les représentants des médias touchés par cette décision. La semaine dernière, dans sa décision, le CRTC demandait à Radio-Canada de s’excuser après une plainte liée à sa référence à l’antenne, en 2020, du “mot en n” contenu dans le titre du livre de M. Vallières. Le diffuseur public n’a pas encore réagi, mais plusieurs de ses employés actuels et anciens, ainsi que des personnalités influentes du monde des médias, ont dénoncé cette atteinte à la liberté de la presse. Au Québec, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a déclaré mardi que Radio-Canada n’avait pas à s’excuser. “C’est devenu complètement fou, c’est [comme le roman d’anticipation] 1984 quand on ne peut plus citer un projet, dit-il. Il n’y a pas besoin de s’excuser. Si quelqu’un devait s’excuser, ce sont les gens qui ont pris la décision de demander à Radio-Canada de s’excuser. »
Candidatures au CAQ
Mardi, M. Legault a commencé sa journée à Repentigny, où il a annoncé que l’ex-journaliste Pascale Déry se présentera à la CAQ, sept ans après avoir tenté en vain de se faire élire au fédéral sous la bannière conservatrice de Stephen Harper. M. Legault a souligné l’expérience de Mme Déry à l’Institut d’économie de Montréal (IEDM). “Il est un peu fédéraliste de centre-droit ou de droite, de centre-droit”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse diffusée sur le Web. M. Legault a rappelé que l’objectif de l’IEDM était de proposer des solutions pour améliorer l’efficacité des ministères, des organismes et des entreprises. Le Premier ministre a imputé à la pandémie la difficulté de son gouvernement à atteindre le même objectif. “Peut-être que nous n’y avons pas consacré autant de temps que nous aurions dû”, a-t-il déclaré. Je ne me trompe pas en disant qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour améliorer l’efficacité, pour éliminer la bureaucratie. » Lors de la campagne électorale de 2018, M. Legault s’était engagé à réduire la taille de l’État en éliminant 5 000 emplois dans le secteur public, un objectif qui n’a pas été atteint. Mme Déry a lancé mardi un appel nationaliste, tout en soulignant que son nouveau parti politique est une coalition de personnes d’horizons différents. Elle a fait référence à son collègue Bernard Drainville, un ancien ministre péquiste dont l’implication dans la CAQ a forcé M. Legault à répéter que le travail de son parti n’est pas de gouverner le Québec. “Il y a des gens comme M. Drainville, comme moi, comme d’autres, et on va partager nos points de vue, c’est le but, le but c’est qu’on travaille tous ensemble”, a-t-il dit. En après-midi, M. Legault s’est rendu à Venise-en-Québec pour annoncer la candidature de l’agricultrice et femme d’affaires Audrey Bogemans, qui tentera de succéder à Claire Samson à Iberville. Expulsée de la CAQ après avoir fait un don au PCQ, Mme Samson, qui quittera la politique à la fin de son mandat, a ensuite rejoint le parti de M. Duhaime, devenant sa première élue en juin 2021.
Opportunisme
M. Duhaime accuse Mme Déry d’être opportuniste en choisissant la CAQ plutôt que son parti politique. “Je fais partie de ceux qui croient que lorsque nous défendons nos convictions, nous changeons les sondages, au lieu de nous tenir derrière des partis qui tirent les sondages et […] la population se rend alors compte que ce n’était pas forcément approprié », a-t-il dit. M. Duhaime a dévoilé mardi le slogan de son parti, “Libres chez nous”, se défendant contre toute ambiguïté sur sa position au Canada. « Nous ne sommes pas un parti séparatiste, nous voulons rester au Canada, c’est très clair sur le PCQ. La liberté n’est pas seulement une question constitutionnelle, c’est aussi une question de la façon dont le gouvernement traite les citoyens. Au Québec, depuis deux ans et demi, la liberté des citoyens est bafouée comme jamais auparavant. » M. Duhaime explique que son slogan fait toujours référence à celui du Parti libéral du Québec, « Maîtres chez-nous », utilisé lors de la campagne électorale de 1962. « À l’époque, l’idée était que le Québec soit davantage maître chez lui au Canada, c’était le message des libéraux qui ont déclenché la Révolution tranquille. Aujourd’hui, notre message est que nous voulons que les Québécois soient plus libres chez eux au Québec. »