Il n’y a pas encore d’urgence sanitaire

Quel statut accorder à l’épidémie de monkeypox sur l’échelle de gravité des problèmes de santé ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) y réfléchit depuis quelques semaines et a rendu une décision provisoire. Son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a expliqué (25 juin) que la fondation avait considéré l’épidémie mondiale de monkeypox comme une menace sanitaire dont l’évolution était très alarmante, sans encore atteindre le stade d’un “besoin mondial d’urgence sanitaire”. Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion d’experts (23 juin) dont l’objectif était de savoir si l’OMS devait activer le niveau d’alerte le plus élevé compte tenu de l’épidémie, qui touche principalement l’Europe de l’Ouest. Comme le rappelle l’Agence France-Presse, une augmentation des cas de variole du singe a été détectée depuis début mai, loin des pays d’Afrique centrale et occidentale où la maladie est endémique depuis longtemps. Plus de 3 413 cas confirmés et un décès ont été signalés à l’OMS dans une cinquantaine de pays où la maladie n’est pas endémique. « Par ailleurs, depuis le début de l’année 2022, près de 1 500 cas suspects et environ 70 décès ont été signalés en Centrafrique, principalement en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Cameroun, a rappelé (23 juin) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Bien sûr, la fondation se dit préoccupée “par l’ampleur et la vitesse de propagation de l’épidémie actuelle”. Toujours est-il que l’institution ne veut pas réagir lentement, comme on l’a accusé avec le Covid-19. Certains experts ont estimé que l’OMS, sous la pression chinoise, avait trop tardé à déclarer l’urgence Covid. Cette fois, l’OMS a, depuis le 23 juin, appelé les pays à la “vigilance” et à la “transparence” face à cette rare et nouvelle épidémie de monkeypox dans le monde. Et l’OMS de préciser, histoire d’être clair : “Dans d’autres épidémies, on a parfois vu les conséquences du manque de transparence des pays, du manque de partage d’informations.”

Un appel à la vigilance mondiale

“Nous avons besoin que tous les pays restent vigilants et développent la capacité de prévenir la transmission du virus monkeypox. Il est probable que de nombreux pays auront manqué des occasions de détecter des cas, y compris des cas qui n’ont pas voyagé récemment”, a déclaré le patron de l’OMS. La fondation considère qu’il est probable que le nombre réel de cas de monkeypox soit plus élevé et pense que le virus devait avoir circulé avant l’épidémie actuelle – peut-être dès 2017. Depuis 2017, certains cas importés, en particulier du Nigéria, ont des occurrences sporadiques ont été trouvés dans beaucoup de pays. “Nous ne nous attendions pas à avoir un si grand nombre de cas. Et c’est un peu difficile de voir quelle est la pointe de l’iceberg”, notamment à cause de la difficulté des tests, a expliqué à l’AFP Philippe Duneton, directeur exécutif d’Unitaid, une organisation qui aide les pays et soigne les maladies. -utiliser des tests pour vérifier. Cela se fait essentiellement cliniquement. Et donc, un enjeu important est d’avoir des tests qui sont évidemment plus précoces et qui permettent de détecter les cas, notamment en cas de contact”, a-t-il expliqué. Par ailleurs, l’OMS a supprimé (18 juin) de ses statistiques sur le monkeypox la distinction entre pays endémiques (où la maladie sévit en permanence) et non endémiques, pour mieux “unifier” la réponse au virus. ET de clarifier: “Nous supprimons la distinction entre les pays endémiques et non endémiques et présentons les pays ensemble lorsque cela est possible pour refléter la réponse unifiée qui est nécessaire”, a déclaré l’OMS dans son bulletin. Informations du 17 juin ? et ceci pour éviter la perception d’une épidémie à deux vitesses. Selon des données internationales (source OMS au 27 juin 2022), la région européenne est au centre de la propagation du virus, avec 2 933 cas confirmés, soit 86 % du total mondial. Viennent ensuite les Amériques (381 cas, 112%), suivies de l’Afrique (73 cas, 2%) et des régions de la Méditerranée orientale (15 cas) et du Pacifique occidental (11 cas). Un cas mortel a été signalé au Nigéria en 2022. En Europe, les pays les plus touchés sont la Grande-Bretagne (793 cas), l’Allemagne (521 cas), l’Espagne (520 cas), la France (voir ci-dessus), le Portugal (317 cas), les Pays-Bas (167 cas), Italie (85 cas), Belgique (77 cas), etc. Il y a un autre décompte. produit par le CDC (Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies). Elle fait état (données au 24 juin) d’un total de 4357 cas confirmés, dont 910 au Royaume-Uni, 765 cas en Allemagne, 736 cas en Espagne, plus de 330 cas en France, 365 au Portugal, 257 aux Pays-Bas, etc.

Nouveau nom?

L’OMS envisage sérieusement de changer le nom de la maladie. Il serait même urgent de le faire, a expliqué la fondation, car les médias francophones parlent de « monkey pox », pensant traduire correctement ce que les anglophones appellent Monkeypox. Un billet de blog de Marc Gozlan sur les réalités biomédicales en parle en détail (16 juin). “Nous ferons des annonces sur les nouveaux noms dès que possible”, a déclaré le directeur général de la fondation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse. Le but est d’être plus précis, notamment d’un point de vue scientifique, sans créer de panique. Il s’agit notamment d’éviter les confusions du grand public, qui peuvent être préjudiciables à la compréhension de l’information et à la perception objective de la maladie et des risques qui lui sont associés.

Vaccination des cas confirmés

Le ministère de la Santé a demandé à la Haute Autorité de Santé (HAS) de déterminer la stratégie de vaccination à mettre en œuvre autour d’un cas contact de monkeypox pour deux groupes de population : les personnes qui ont été vaccinées pour la première fois, c’est-à-dire les personnes qui ont été vaccinés dans l’enfance contre la variole, et les enfants. Dans un avis, la HAS recommande donc une dose de vaccin chez les contacts vaccinés contre la variole avant 1980, à l’exception des personnes immunodéprimées, pour lesquelles trois doses sont recommandées. Dans un communiqué, la HAS explique que la vaccination préventive contre la variole était obligatoire en France jusque dans les années 1980 (1979 pour la première vaccination, 1984 pour…