Dès le départ, en novembre dernier, Bruno Marchand a constaté que le rôle de maire était des plus prenants. À l’observer, il a su se montrer rapidement à la hauteur.  Au premier chef, il a dû batailler ferme avec le gouvernement du Québec pour obtenir le feu vert pour des appels d’offres déterminants sur le tramway.  L’élu a aussi dû montrer les dents dans le dossier du troisième lien, qu’il refuse d’appuyer sans plus de faits et données scientifiques démontrant son impact pour Québec.  Il y est allé d’un discours fort sur l’étalement urbain, en déclarant que le gouvernement du Québec tenait un discours populiste dangereux et utilisait des arguments fallacieux. Une sortie que les caquistes pourraient être tentés de lui faire payer.  Pas de regret  Une fois réélu et en position très majoritaire, comme le laissent croire les sondages actuellement, le gouvernement Legault pourrait en effet l’attendre dans le tournant, quand viendra le temps d’annoncer les coûts actualisés du tramway. Car comme pour tous les projets, ceux-ci auront forcément augmenté. M. Marchand en est bien conscient, confie-t-il en entrevue éditoriale, mais ne regrette rien, car il a agi par conviction. Et les agissements du gouvernement à son égard offriront une bonne illustration des raisons qui les poussent à faire de la politique. « Si c’est par ego, ils vont me donner un chien de ma chienne […] Ils ont le choix entre l’ego et la mission. » Puis, le rôle de maire de la capitale nationale, ça veut aussi dire que Bruno Marchand a le devoir de se prononcer sur des dossiers d’actualité touchant de grands enjeux de société, qui sont souvent polarisants.  Sur l’avortement, par exemple, il a dit craindre les « coucous » anti-choix, ce qui lui a valu des messages haineux. Les élus, estime-t-il, doivent être mieux protégés si on veut continuer d’avoir de bons candidats pour se lancer en politique. Il dit adorer son travail Mais son travail, il l’adore, affirme-t-il tout sourire. Il trouve moyen de demeurer en forme et de garder son équilibre malgré tout. Sa principale réalisation consiste selon lui, à ce jour, à avoir remis certaines caractéristiques du projet de tramway en question, et d’en avoir discuté avec les citoyens au fil de 72 activités de « bon voisinage ». « Les préoccupations sont normales, et elles sont acceptées et écoutées », assure-t-il.  Le maire se défend de mener des consultations alors que les dés sont pipés, comme le lui ont reproché certains opposants. L’approche a changé et les citoyens peuvent influencer les choses, selon M. Marchand, qui donne l’exemple de la rue partagée.  Mais attention, il n’a jamais été question, à travers ces consultations, de remettre en question le projet ni sa portée, comme le souhaiteraient des gens qui s’opposent au tramway.  Après autant d’années à étudier et à améliorer le projet, cette position apparaît sage et censée. Comité tramway Le maire travaille maintenant à monter un comité d’intervenants influents à Québec et qui appuient le projet. Il ne faut pas juste entendre ceux qui sont en désaccord, et c’est quelque chose qu’il faut effectivement travailler à Québec.  Il faudra voir aussi qui sera désigné ministre responsable de la région après l’élection provinciale. Le maire est loin d’être le seul à s’attendre à un rebrassage de cartes, qui serait des plus souhaitables pour assainir le climat et faire rayonner Québec comme elle le mérite.