La séquence a été beaucoup discutée depuis hier soir. C’est l’heure du premier tour de l’élection du futur Président de l’Assemblée et ce sont les deux plus jeunes qui jouent tour à tour le rôle d’évaluateur. Câlins, poignées de main, caresses sur l’épaule, le scrutin est l’occasion pour les députés de saluer leur nouveau collègue. Mais lorsqu’il est venu au député RN Philippe Ballard de déposer son bulletin dans l’urne, Louis Boyard, le jeune député LFI qui surveillait les urnes à l’époque, a refusé de lui serrer la main. Applaudi par les uns, discrédité par les autres, son geste a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Mais aussi incrédulité quant à sa réelle intention d’ignorer le signe de cordialité de l’ancien journaliste parti pour Marin Lepen. En contact avec BFMTV.com, l’escorte de l’insoumise de 21 ans entreprend pourtant son geste ce mercredi. “Ne pas serrer la main d’un élu RN est un acte politique”, a déclaré son équipe à BFMTV.com, ajoutant qu’il ne fallait pas y voir un signe “d’hostilité personnelle envers M. Ballard”.
Sébastien Chenu a également ignoré
Car le député de l’Oise n’était pas le seul à être ignoré par son collègue du Val-de-Marne. Quelques minutes plus tard, c’est au tour du député nordiste Sébastien Chenu de ne pas être accueilli par Louis Boyard. Le représentant du RN s’approche du bureau où les Insoumis sont assis cette fois, alors que c’est Tematai Le Gayic debout à côté de l’urne. Sébastien Chenu tend la main et Insoumis retire la sienne, comme le montre le plan ci-dessous. Louis Boyard retire sa main alors que Sébastien Chenu lui tend la main lors de la séance inaugurale du 28 juin 2022 © BFMTV / Assemblée nationale
Poignées de main à d’autres RN
Sur d’autres images en revanche, on voit le jeune député accepter la mainmise sincère de Julien Odoul, ce conseiller régional du Rassemblement national de Bourgogne-Franche-Comté qui avait créé une intense polémique en 2019 en sermonnant publiquement une école couverte du salle du conseil mère d’escorte. On le voit aussi chaleureusement avec Caroline Parmentier, conseillère de presse de Marine Le Pen, qui lui pose même la main sur le bras. “Il ne s’adresse pas à une personne, mais à une idéologie”, explique l’entourage du député. “Il a pris la décision de signaler son opposition à un moment donné”, a-t-il ajouté.
“Face à la pandémie d’actes racistes…”
Parmentier, Odoul, Ballard… Qui qu’il soit, “de toute façon, Louis Boyard n’aime jamais serrer la main d’un élu RN”, explique son attaché de presse. Le député et ses assistants ont cette formule : “Face à la pandémie d’actes xénophobes et racistes, il suffit de respecter les gestes barrières.” Covid, c’est exactement l’explication donnée à la série par le socialiste Jérôme Guedj. “Louis Boyard, quand je lui ai tendu la main quelques secondes avant ou après le même endroit pour voter, a simplement dit ‘avec le Covid, je ne serre pas la main’”, s’était-il auparavant défendu sur Twitter. “Fin de l’histoire, calmez les ennemis.” Lors du second tour, aucun autre contact n’a été pris entre le jeune député et ses collègues, selon des images de l’Assemblée nationale, contrairement au premier tour dont est extraite la série contestée. Selon nos informations, le député reviendra sur son geste en début de mercredi après-midi à Four.