Les Girondins de Bordeaux poursuivent leur descente aux enfers. Un mois et demi après avoir été relégué de la Ligue 1 à la Ligue 2 – le premier depuis trente et un ans – le club de football épaulé a connu un nouveau choc ce mardi 5 juillet : la commission de recours de la Direction nationale du contrôle de la gestion (DNCG), la police financière du football français, a confirmé sa relégation administrative en National 1, la Troisième Division (niveau amateur), les garanties financières représentées par le club ne sont pas jugées suffisantes.
Cette rétrogradation a été annoncée le 14 juin par la DNCG. Mais chez les Girondins, qui s’étaient présentés, un relatif optimisme s’est exprimé ces derniers jours avant la rencontre de mardi en début d’après-midi au siège de la Fédération française de football (FFF) dans le XVe arrondissement de Paris.
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Le président du club pour un an, Gerard López, avait laissé entendre qu’il avait trouvé des garanties pour couvrir le trou de 40 millions d’euros laissé par la DNCG. L’homme d’affaires hispano-luxembourgeois s’était engagé via la société de Jogo Bonito à apporter dix millions d’euros au capital et à transférer la moitié de la dette du club, qui s’élève à 52 millions d’euros.
Les Girondins s’étaient également assurés auprès de leurs créanciers, les fonds d’investissement King Street et Fortress, de récupérer leur part des bénéfices du transfert d’Aurélien Tchouaméni au Real Madrid, d’une valeur de plus de huit millions d’euros.
Un dernier recours?
Plusieurs acteurs locaux avaient également fait des efforts, comme Bordeaux Métropole, qui avait accepté d’étaler la dette du club de plus de cinq millions d’euros pour louer le stade Matmut-Atlantique sur les deux prochaines saisons.
La direction du club a également voulu sauver, vendant plusieurs joueurs (Hwang Ui-jo, Junior Onana, Alberth Elis, Sékou Mara), dont la valeur marchande cumulée pourrait atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros.
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Toutes ces assurances n’ont pas convaincu la DNCG, qui a donc confirmé, sans élucider, pour l’instant, les motifs de sa décision, la relégation administrative du club en National 1.
L’avenir du club bordelais est désormais sombre. Les revenus qu’elle peut espérer dans la troisième division du football français ne lui permettront pas d’assurer son fonctionnement au quotidien : elle perdra son statut professionnel et devra se passer des droits TV liés à la Ligue 1 ou à la Ligue 1 2.
La direction des Girondins a peut-être encore recours à une consultation du Comité National Olympique et Sportif de France (CNOSF), mais elle semble peu confiante au vu des délais nécessaires à l’organisation des championnats à venir.
Le club bordelais pourrait toutefois saisir le juge des référés du tribunal administratif pour suspendre la décision. Mais le processus peut prendre plusieurs mois.
Pour déposer le bilan
Il semble désormais plus probable que les Girondins se dirigent vers la faillite, avant de reprendre leur aventure en National 3, la cinquième division du football français. Une véritable catastrophe pour le club fondé en 1881 et six fois champion de France. De nombreux départs sont attendus au sein d’un effectif initialement amputé pour la Ligue 1. La question d’une reprise du club pourrait également se poser, Gérard Lopez conservant son poste pendant un an. A l’été 2021, après avoir réussi à convaincre la DNCG du bien-fondé de son projet de reprise des Girondins de Bordeaux, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois se montrait optimiste quant à l’avenir du club. “C’est un grand jour pour les Girondins et maintenant nous allons commencer à mettre en œuvre le projet sportif et financier approuvé [par la DNCG] “, avait donc assuré Gérard Lopez. Aujourd’hui, ce n’est ni l’optimisme ni le pessimisme qui règnent à Bordeaux, mais l’émerveillement. Club historique du football français, les Girondins vont désormais devoir se reconstruire en profondeur pour survivre et espérer, un jour, retrouver l’élite. Denis Ménêtrière