Posté à 5h00
Alice Girard-Bossé La Presse
Pierre-André Normandin La Presse
Au total, 3 741 Québécois ont succombé aux effets de la COVID-19 entre le 1er janvier et le 28 juin, soit près de 1 000 de plus qu’à la même date l’an dernier. Ainsi, en six mois, la province a enregistré près de 500 décès de plus qu’en 2021. Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation impressionnante. « Le premier élément qui a changé la donne a été l’arrivée de la variante Omicron », explique Nathalie Grandvaux, chercheuse au Laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). « Omicron a changé le niveau de transmission. Nous n’avions pas du tout vu cela avec les variantes précédentes », dit-il. Le Québec s’est retrouvé en décembre avec une vague induite par Omicron qui s’est poursuivie jusqu’au début de 2022. « Toutes les variantes ci-dessous semblaient se propager de plus en plus vite. Ça a surpris tous les pays du monde », raconte l’expert.
Hausse spectaculaire des cas
En 2021, la province avait enregistré 642 930 cas. Depuis le début de 2022, presque deux fois plus ont été enregistrés (1 088 743). Et les chiffres de 2022 ne reflètent qu’une partie du total, en raison de l’accès limité aux tests PCR. « En 2021, parce que les variantes circulantes étaient moins contagieuses, nous avons eu beaucoup moins de personnes infectées », explique la Dre Caroline Quach-Thanh, professeure à l’École de microbiologie, maladies infectieuses et immunologie de l’Université de Montréal. Cette forte augmentation du nombre de cas a eu un impact sur les décès. La variante Omicron est-elle donc plus létale ? Non, disent les experts. “Quand on regarde le taux de décès par rapport au nombre de cas, on en a beaucoup moins qu’avant”, explique le Dr Quach-Thanh.
Efficacité des vaccins et mesures sanitaires
La forte augmentation des décès peut également s’expliquer par une légère diminution de l’efficacité des vaccins causée par les variants. « Nous sommes toujours bien protégés, mais un peu moins qu’avant. Avec le nombre de personnes infectées, cela nous donne plus de personnes qui ont des complications avec le COVID-19″, explique Mme Grandvaux. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE L’utilisation de masques dans les transports en commun n’est plus obligatoire à partir du 18 juin. Le retrait des mesures sanitaires a également eu un rôle à jouer, estime l’expert. En 2021 nous avons eu toutes les mesures sanitaires. En 2022, ils ont pris leur retraite les uns après les autres. Les personnes qui restent vulnérables malgré la vaccination ne sont plus protégées comme elles l’étaient avant les mesures sanitaires. Nathalie Grandvaux, du Laboratoire de recherche en réponse des hôtes aux infections virales du CHUM En effet, de nombreuses restrictions ont été levées en mars dernier. Toutes les entreprises ont été autorisées à rouvrir, tandis que les limites de capacité et le passeport vaccinal ont été supprimés. En mai, l’obligation de porter un masque dans tous les lieux publics, à l’exception des transports en commun, a pris fin. Cela dans les transports publics a suivi en juin.
Nouveaux cas par milliers
Cette tendance à la hausse causée par les sous-variantes d’Omicron se poursuit dans la province. Le nombre de cas de COVID-19 continue d’augmenter rapidement au Québec. La province a fait état de 956 lundi mais n’a enregistré aucun nouveau décès. Ces nouveaux cas portent la moyenne quotidienne à 1 294. Ainsi, la tendance augmente de 38% en une semaine. Rappelons que les chiffres ne reflètent probablement qu’une partie du nombre total d’infections, en raison d’un accès limité aux tests de dépistage PCR. Par ailleurs, le taux de tests de dépistage PCR positifs au COVID-19 reste très élevé à 15,7%. En plus des cas détectés par les tests PCR, 1 038 personnes en moyenne déclarent chaque jour recevoir un résultat positif à un test rapide. Les cas autodéclarés, qui ne sont pas inclus dans les cas signalés quotidiennement, ont augmenté de 36% la semaine dernière. En l’absence de nouveaux décès, la moyenne journalière calculée sur sept jours reste à quatre. La tendance est donc stable depuis une semaine. Lundi, le Québec comptait 1 294 patients hospitalisés, dont 36 en soins intensifs.