La justice administrative a jugé mardi que l’Etat avait commis une erreur en ne conservant pas des stocks de masques adéquats avant l’épidémie de Covid-19, mais n’est pas allée jusqu’à le trouver directement responsable de certains cas. Lire aussi Covid-19 : Face à une recrudescence des cas, serait-il utile de rétablir le masque aux transports ? “L’Etat a commis une erreur en évitant de constituer un stock de masques suffisant pour lutter contre une pandémie liée à un agent respiratoire hautement pathogène”, a déclaré mardi le tribunal administratif de Paris dans un jugement. Le tribunal a également estimé que l’État avait commis une erreur en faisant “des déclarations pouvant avoir eu pour effet, notamment, d’empêcher la population de porter des masques”. Dans les premiers mois de la pandémie, début 2020, l’ambiguïté l’a emporté sur l’intérêt d’utiliser des masques chirurgicaux pour se protéger du Covid-19 ou pour empêcher sa propagation. A l’époque, le gouvernement privilégiait l’idée de conserver des masques pour les soignants directement exposés aux malades, dans un contexte de stocks insuffisants. Avec une réserve étatique d’environ 100 millions d’unités, la France s’est rapidement retrouvée démunie, laissant parfois démunis les professionnels de santé et autres métiers exposés, comme les caissiers de supermarché. Les critiques ont également ciblé la communication fluctuante du gouvernement sur la question. Inutile au grand public, le masque est finalement devenu obligatoire en intérieur en juillet 2020 et s’est généralisé partout à la fin de l’été. Lire aussi Le triste récit de la crise du Covid chez les bénéficiaires de l’aide alimentaire Du coup, une trentaine de plaignants avaient saisi la justice, estimant que cette attitude contribuait directement au fait qu’ils avaient attrapé le Covid. Mais la justice ne leur a donné que partiellement voix au chapitre. S’il reconnaît que l’État est tombé sous la gestion des masques, le tribunal estime qu’un lien direct avec les infections des plaignants ne peut être établi. La justice insiste sur trois points : le caractère “accidentel” de la transmission du virus, le constat que le masque ne protège certainement pas contre le Covid et, enfin, le fait que l’Etat ait pris d’autres mesures susceptibles de réduire l’infection, comme l’incitation au maintien distances naturelles. Elle rejette donc les demandes de dommages-intérêts des demandeurs. En outre, il considère que d’autres catégories de gestion de crise sont injustifiées, comme le fait de ne pas lancer suffisamment tôt le contrôle généralisé. VOIR AUSSI – Covid-19 : “Il faut être prudent, le virus continue de circuler”, prévient Thierry Breton