Quelle est votre première réaction à ce verdict contre votre client ? C’est quand même la perpétuité, une perpétuité c’est rien, c’est extrêmement lourd, c’est compliqué à encaisser pour celui qui est dans le box et pour ses avocats, c’est toujours compliqué de se lever et de l’emmener [Mohameb Abrini] mets ta main sur ton épaule.
FORME GRANDE. Le procès historique des attentats du 13 novembre en 50 audiences Il y a cette peine de sécurité combinée à la réclusion à perpétuité. On aurait pu prendre 30 ans de sécurité, on aurait pu avoir une peine beaucoup plus lourde. Le fait qu’elle ne tire pas le maximum d’un tel dossier avec 132 morts et un sentiment tel qu’on le connaît et qu’on a ressenti tous ces mois d’écoute. Cela pourrait signifier qu’il y a encore de l’espoir et que nous l’utiliserons lors du procès à Bruxelles. [attentat de 2016], peut signifier qu’on avait entendu dire qu’il avait encore des choses à dire. La vie est quelque chose de très embarrassant pour les avocats de la défense. Éternel, c’est éteindre la lumière, c’est éteindre l’espoir. Comment analyser ce verdict spécifiquement pour les parties civiles ? Il y a des partis politiques qu’il faut soulager, il y a aussi des prévenus qui doivent se poser beaucoup de questions et il faut gérer tout ça. C’est une nuit difficile pour tout le monde. Ce qui est certain c’est qu’on ira en prison [Mohamed Abrini] je te verrai demain [jeudi] avec la carte incentive dont nous disposons. Nous allons analyser cette décision. Il y a le quantum de la peine mais il y a aussi celui pour lequel il est condamné. Ce n’est pas seulement une infraction pénale, sinon nous n’aurions pas passé dix mois à discuter de tout cela. Comment avez-vous réussi un test de cette taille? Il y a le côté individuel, notre travail c’est d’abord de défendre un seul homme, Mohamed Abrini, c’est celui qu’on verra samedi, dimanche en détention, celui qu’on a au téléphone le soir quand il entre dans la cellule. C’est celui à côté de vous qui se tient devant le tribunal. Ce sont d’abord ses intérêts. Ensuite, il y a le fait qu’il ne faut pas oublier que nous faisons partie d’un commun, collectif, du fait du nombre de victimes avec des événements qui ont touché toute la France. Peut-être que nous, les médiateurs, devrions également participer à la manifestation de la vérité et faire partie de ce progrès collectif. Nous ne sommes pas seulement là pour contester les arguments du tribunal et des parties civiles, le parquet. Nous sommes aussi là pour avancer ensemble. Dans ces deux axes on a essayé de construire une défense. Pensez-vous que nous en avons assez entendu de l’accusé? Nous avons écouté les accusés, la seule chose dont je craignais depuis le début, c’est que cette séparation artificielle de l’audience efface la spontanéité de l’autre. Dans tout procès devant le ou les tribunaux correctionnels, les gens se lèvent et réagissent aux déclarations de l’un ou de l’autre et c’est ce qui fait vivre une audience et on n’en avait pas trop car c’était une grande salle préfabriquée. avec des micros où il fallait entendre qu’on nous donnait la parole. Peut-être que ça a tué cette spontanéité, on aimerait qu’ils réagissent de temps en temps et peut-être que ça nous apporterait quelque chose, j’en suis absolument convaincu. Tuez la beauté d’une audience criminelle, la beauté de la nature orale des conversations. Ce n’était pas parfait, ce n’était pas complet.