Forcément, quand on vend “le départ le plus septentrional de l’histoire du Tour de France”, le soleil n’est pas garanti par l’événement. Chaud, oui. A Copenhague, vendredi 1er juillet, le mauvais temps n’a pas dissuadé les Danois de se présenter en masse pour le contre-la-montre de 13,2 km sur les grands boulevards de la capitale.
Revivez l’étape en direct : Maillot jaune surprise, le Belge Yves Lampaert s’impose à Copenhague
Sur le papier, cette fois remportée par le Belge Yves Lampaert (Quick-Step) n’était pas annoncée comme très technique, hormis un virage serré pour venir saluer la statue de la Petite Sirène et un très court passage pavé devant le palais royal. .
Mais en ville, quand la pluie arrive à la fête, toute ligne blanche devient une menace de chute. Les favoris du classement général et des victoires d’étape ont vu la menace partir tôt. Un pari sur la météo plus ou moins réussi. Le premier maillot jaune de cette édition 2022 a débuté un peu plus tard à 17h44, peu après le plus fort de l’averse.
Heureux comme un “Flahute” sous la pluie
Le sourire n’est pas la première chose qui frappe Yves Lampaert. Le garçon incarne le Fleming pur-sang. Plutôt des poireaux, comme ceux qu’il récoltait dans les champs de ses parents. Le premier maillot jaune du Tour 2022 est un dur à cuire, amateur de vent et de pavés. Bref, le “Flahute” typique à l’humour froid, particulièrement compréhensible pour ceux qui possèdent ce dialecte néerlando-flamand si particulier aux habitants de leur région d’Ingelmunster.
A son arrivée, le coureur de Quick-Step a fait rire son public en français également. “J’ai battu le grand coureur Wout van Aert, mais je suis toujours l’ancien champion de Belgique du contre-la-montre [en 2021] “, dit-il en voyant son compatriote venir le saluer. Malgré le masque, on devinait presque un sourire de son dauphin. Van Aert connaît le pedigree Lampaert. En Belgique, un double vainqueur de Through Flanders est quelque chose à respecter.
📸 La belle photo, Wout van Aert vient féliciter son compatriote Yves Lampaert qui vient de battre son meilleur temps… https://t.co/si69KSTLfK
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Le pays attendait peut-être mieux de lui. A 31 ans, Lampaert a montré ses limites au Tour des Flandres et Paris-Roubaix tient toujours les siennes (troisième en 2019, cinquième en 2021), malgré des prédispositions évidentes. Sa saison a failli s’achever à quelques kilomètres de la piste. Un spectateur trop avancé et Lampaert exécute un soleil sur le secteur Willems, avant de retomber sur le dos comme un judoka. Le podium s’était envolé, mais le jeune papa était déjà heureux d’embrasser son très jeune fils, Alois.
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Il a souvent été présenté comme le fils préféré de Patrick Lefebvre. “C’est mon pilote, il ne quittera jamais notre équipe”, a dit un jour le manager de Quick-Step en écartant l’intérêt de Trek. Cependant, Lampaert approche de la fin de son contrat et rien n’indiquait si Lefevere tiendrait sa promesse après une campagne décevante des Classiques.
Mais c’était avant qu’il ne sèche tous les meilleurs pilotes dans les rues humides de Copenhague. Lorsqu’il sut que la victoire était assurée, on vit même le “Flahute” des cours essuyer quelques larmes. “Ce matin, je me suis dit qu’un top 10 serait déjà bien, je suis un bon chasseur, mais il y a tous les meilleurs du monde ici, a-t-il confié, ému, au micro de France Télévisions. Je suis maillot jaune, ma carrière est déjà réussie. »
Stefan Bissegger, déclin et rechute
Aux “quatre, cinq virages” du parcours, Benjamin Thomas (Kofidis, 23e, premier français) s’est dit : “Les enfants aiment [Mathieu] Van der Poel et al [Stefan] Biesager va s’amuser. « A l’arrivée, pour le deuxième, c’était probablement de la soupe aux grimaces. Le Suisse a peut-être dit qu’il était un “fan” du nouveau haut rose, orné de deux dinosaures jaunes fluo de l’équipe EF Education-EasyPost, et espérait le troquer contre une tunique jaune.
Figurant parmi les favoris de ce contre-la-montre d’ouverture, Turgovianos a choisi de s’élancer parmi les premiers, à la huitième place, alors que la pluie s’annonçait en fin d’après-midi. Pari raté : le spécialiste de l’athlétisme a parcouru 13,2 kilomètres sur une route mouillée… Et son rêve s’est transformé en cauchemar. Au lieu d’être le premier leader du Tour, Bisseger a inauguré la section d’automne.
😬 Stefan Bissegger ne sera pas le premier maillot jaune du Tour de France 2022 : le Suisse est tombé… deux fois dans la… https://t.co/fPIEoy3MOy
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Deux fois : dans un virage serré à droite, puis à nouveau quelques mètres plus loin. Son coéquipier Neilson Powless a vu le premier gadin avant de descendre du bus pour prendre le départ. L’Américain résume, pragmatiquement : « Il devait tout donner s’il voulait gagner. C’est ce qu’il a fait : il a joué. Ce n’était tout simplement pas son jour. Donc pas de jaune, mais du bleu.
Christophe Laporte, putain de virage
Lorsque Christophe Laporte donne le feu vert à la mi-course, l’espoir de voir un Français porter le maillot jaune traverse les esprits. Un espoir s’est rapidement évaporé. Quelques centaines de mètres plus loin, le pilote Jumbo-Visma commettait une erreur en virage. Chute sans conséquences, sauf pour le moment. “Dans l’oreillette, ils m’ont dit que j’avais fait le meilleur temps, ça ne change pas grand-chose de le savoir, c’était juste de la motivation”, confiait à France Télévisions celui qui roulait le plus vite de ses dirigeants. Wout van Aert et Primoz Roglic après 6,6 km. Calme en un rien de temps, l’ancien vététiste tentait de comprendre ce toboggan à basse vitesse non loin de la Petite Sirène. « Je ne pensais pas prendre de risques, j’ai été surpris en arrivant au parc. J’ai pédalé un peu avant le virage, j’ai fait une erreur. C’est de ma faute. « Mais il n’y a pas de temps pour ruminer. Sa formation repose avant tout sur son talent de roller-sprinter pour protéger un Roglic dans une 2e étape ouverte à tous les vents et à tous les bords.
Tadej Pogacar passe entre les gouttes
Et pendant ce temps, en toute discrétion, le double tenant du titre a réalisé un nouvel exploit. Nous savons qu’un Slovène n’est jamais plus heureux qu’un jour de pluie. On sait aussi qu’avec lui il n’y a pas de certitude… Alors qu’importe si le parcours de ce contre-la-montre était vendu comme trop plat pour pouvoir rivaliser avec les experts de l’exercice. Prudent dans les virages mais auteur d’incroyables envolées dans les lignes droites, l’émirati leader des EAU a terminé troisième, juste devant le champion du monde en titre, Filippo Ganna.
Ses deux principaux rivaux au classement général, Jonas Vingaard et Primoz Roglic, sont à 8 et 9 secondes. Bon, oui, on commence à connaître le phénomène, après tout, il n’a pas raté une seule course à étapes depuis le Tour du Pays basque en 2021. « Je suis confiant, satisfait de ma performance, même si c’était tendu, serré. , l’intéressé a réagi. Pour moi, c’est l’un des meilleurs départs du Tour de France. »
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Aude Lasjaunias (Envoyée spéciale à Copenhague) et Alexandre Pedro (Envoyé spécial à Copenhague)