Pour la première fois, grâce à un documentaire diffusé jeudi soir sur France 2, qui relate les coulisses diplomatiques des six derniers mois à l’Elysée, on connaît la teneur d’une de ces discussions.
“Je ne sais pas où ton avocat a appris la loi”
Ce dimanche matin 20 février, on voit en début de séquence la caméra s’arrêter sur le conseiller diplomatique du président, Emmanuel Bone, entouré de trois complices. Les quatre membres de la cellule diplomatique élyséenne regardent de loin la rencontre du chef de l’Etat français avec son homologue russe. Emanuel Macron commence par mettre les pieds dans l’assiette : “J’aimerais que vous me donniez d’abord une lecture de la situation et peut-être très immédiatement, comme nous le faisons tous les deux, dites-moi quelles sont vos intentions.” Et plus précisément à Vladimir Poutine pour lui répondre : “Nous avons une tout autre lecture de la situation. Lors de notre dernière rencontre, je vous ai rappelé et même lu les articles 9, 11 et 12 des accords de Minsk.” Ces derniers sont censés ramener la paix dans l’est de l’Ukraine, où les séparatistes pro-russes travaillent depuis que la Russie a annexé la Crimée en 2014. Le maître du Kremlin accuse Volodymyr Zelensky de ne rien faire pour honorer les accords, au point de l’accuser de vouloir acquérir l’arme nucléaire. Ce à quoi Emanuel Macron répond “Non, rien”. Lire la suite Ainsi, en guise de démonstration de son interlocuteur, le président de la République se lève. “Je les ai devant moi. C’est bien écrit ce que le gouvernement ukrainien propose, et c’est en consultation et en accord avec les représentants de certaines régions de Donetsk et de Louhansk, dans le cadre du groupe de contact tripartite, c’est exactement ce que nous proposons de faire. “Je ne sais pas où votre avocat a appris la loi. Je regarde juste les textes et j’essaie de les appliquer !”, conclut-il.
“Pour être honnête avec vous, je voulais aller jouer au hockey”
Légèrement tendu, l’échange entre les deux chefs d’Etat prend une tournure un peu plus diplomatique lorsque l’occupant de l’Elysée propose une rencontre de toutes les parties. “Je vais l’exiger immédiatement de Zelensky”, a-t-il d’abord déclaré. Puis il a promis : “La situation sur la ligne de contact est très tendue. Hier, j’ai vraiment appelé Zelensky à se calmer. Je lui dirai encore, calmez-vous tout le monde, calmez-vous sur les réseaux sociaux, calmez les forces armées ukrainiennes.” Enfin, Emanuel Macron atteint le but de son appel, persuader Vladimir Poutine d’accepter une rencontre avec le président américain Joe Biden à Genève pour tenter une désescalade. Le président russe n’est pas très enthousiaste, encore moins à l’idée de fixer une date. “Avant tout, il faut préparer cette rencontre en amont”, insiste-t-il. De son côté, Vladimir Poutine répond à cette proposition du sommet : “Pour être honnête avec vous, je voulais aller jouer au hockey sur glace parce qu’ici, je vous parle depuis le gymnase avant de commencer à faire de l’exercice. Je vais d’abord appeler mes conseillers.” Une réponse surréaliste qui couronne un échange tout aussi surréaliste. Finalement, le sommet n’aura pas lieu et la guerre ne commencera que quatre jours après cet échange. L’article original a été publié sur BFMTV.com VIDEO – Le président russe Vladimir Poutine condamne l’OTAN qui a ses racines dans la guerre froide