L’Algérie célèbre ce mardi 5 juillet en grande pompe, avec notamment un défilé militaire sans précédent, le 60e anniversaire de son indépendance après 132 ans de colonisation française, dont le souvenir tend encore ses relations avec Paris. Lire aussi Indépendance algérienne : le tabou des Européens disparus Depuis vendredi soir, les autorités ont fermé un tronçon de 16 km de route où l’armée a tenu les dernières répétitions avant le défilé militaire de mardi, le premier en 33 ans. La fermeture à la circulation automobile de cette principale voie d’accès au centre de la capitale a provoqué des embouteillages massifs sur les routes menant d’Alger à sa banlieue Est. Plusieurs invités étrangers, dont les présidents palestinien Mahmoud Abbas, tunisien Kaïs Saïed et nigérien Mohamed Bazoum, doivent assister à ce défilé militaire, qui sera supervisé par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune. À VOIR AUSSI – Jean Sévillia : “La guerre d’Algérie est-elle vraiment finie ?” Après près de huit ans de guerre entre les rebelles algériens et l’armée française, les canons se sont tus le 18 mars 1962 aux termes de l’accord historique euboïque, ouvrant la voie à la déclaration d’indépendance de l’Algérie le 5 mars de la même année, qui a approuvé . quelques jours plus tôt par 99,72 % des voix lors d’un référendum d’autodétermination. L’indépendance a été acquise après sept ans et demi de guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, faisant de l’Algérie la seule ancienne colonie française en Afrique dans les années 1960 à être libérée par les armes, sous tutelle française. Mais 60 ans après la fin de la colonisation, les blessures restent à vif en Algérie alors que la France exclut tout “repentir” ou “excuses”, bien que le président français Emmanuel Macron ait cherché depuis son élection à apaiser les mémoires par une série de gestes symboliques. “Nous ne pouvons oublier ou effacer, en aucune façon, le génocide humain, le génocide culturel et le génocide identitaire dont la France coloniale reste coupable”, a affirmé Salah Goudjil, président du Conseil de la Nation, Chambre haute. , et vétéran de la guerre d’indépendance, dans un entretien lundi au journal l’Expression.
“Une rente commémorative”
En mars, Abdelmadjid Tebboune avait déclaré que le dossier du monument devait être abordé de manière “équitable”, ajoutant que les “crimes” de la colonisation française ne pouvaient être prescrits. Les relations bilatérales semblaient avoir atteint un nadir en octobre lorsque Emmanuel Macron a confirmé que l’Algérie avait été érigée après l’indépendance en “un monument locatif”, qui maintient “le système civilo-militaire”, provoquant la colère d’Alger. Pourtant, les relations se sont progressivement réchauffées ces derniers mois, et Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ont exprimé leur volonté de les “approfondir” dans un entretien téléphonique le 18 juin. Lundi soir, la présidence française a annoncé qu’Emmanuel Macron avait adressé une lettre à son homologue algérien à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, dans laquelle il appelait à “renforcer les liens déjà forts” entre les deux pays. “Il réitère, par ailleurs, son engagement à poursuivre le processus de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires des peuples algérien et français”, ajoute l’Elysée, qui précise qu’une gerbe sera déposée à son nom mardi au Monument national. de la guerre d’Algérie, à Paris, en hommage aux victimes du massacre des Européens à Oran, le 5 juillet 1962. Lire aussi 5 juillet 1962, Oran : 700 Pieds Noirs massacrés “Les relations entre le système de pouvoir en Algérie et la France officielle sont entachées de crises et de pseudo-réunifications depuis l’indépendance du pays”, souligne le président du parti d’opposition Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atman Mazouz. « Au stade actuel, personne ne peut parier un seul centime sur les discussions de rétablissement. L’instrumentalisation de cette relation par un côté ou par l’autre n’échappe à personne”, ajoute-t-il. Chez lui, le gouvernement a profité de l’anniversaire pour tenter d’apaiser les tensions, trois ans après avoir été secoué par les manifestations pro-démocratie de Hirac. En mai, Tebboune a lancé une initiative pour sortir de l’impasse politique, recevant tour à tour plusieurs dirigeants de partis politiques, dont l’opposition, et des responsables de syndicats et d’organisations patronales. VOIR AUSSI – De Gaulle a-t-il orchestré la fin de l’Algérie française ?