Emmanuel Macron a dénoncé, lundi 5 décembre, “l’un des parjures les plus complets de la République” lors d’un déplacement au camp d’internement et de déportation des Milles, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où étaient détenus 10.000 prisonniers . entre 1939 et 1942. Le chef de l’Etat s’exprimait à l’occasion du dixième anniversaire de l’inauguration d’un mémorial sur ce site où le régime de Vichy emprisonna des milliers de Juifs – dont 1 800 furent déportés au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Les bâtiments en briques rouges de cette ancienne tuilerie sont aujourd’hui un lieu de mémoire qui accueille des milliers de jeunes pour leur faire découvrir les mécanismes qui poussent une société vers le totalitarisme et les crimes de masse. “Camp Milles, ce sont les crimes de l’Etat français”, a insisté Emmanuel Macron, rappelant que “la France aux mains de Pétain et de Laval[y] est perdu » « effaçant les débuts de 1789 ». « C’est aux Milles que [la République] il a vécu, comme au Vél’ d’Hiv, l’un de ses faux témoignages les plus complets, « nous rappelant qu’il y avait des camps sur notre territoire » et que « la déportation a pris [aussi] s’est organisée” dans la région que “le régime du maréchal Pétain régnait alors en son nom”, a précisé le chef de l’Etat. Lire aussi Article destiné à nos abonnés Vingt mille personnes évacuées sur ordre d’Himmler : à Marseille, l’autre collecte tente de sortir de l’oubli

La Légion d’Honneur a été décernée à Alain Chouraqui

“Le Camp des Milles n’a pas été un accident de l’histoire, mais le fruit d’un tournant délibéré vers la délinquance”, a également insisté Emmanuel Macron, soulignant que “les Juifs étaient les victimes délibérées de l’Etat français”. “C’est là que sombrent chaque démission, chaque erreur, chaque crime des autorités françaises”, a-t-il ajouté. Il a salué l’action du monument qui « rétablit un climat politique et dissout les ressorts de l’opération génocidaire : il raconte pourquoi les mêmes causes produisent les mêmes résultats en d’autres lieux à d’autres moments », soulignant que « l’antisémitisme, le racisme, la forme de rejet entraîne avec elle l’anéantissement de toute l’humanité ». Emmanuel Macron a notamment souligné la « persévérance » des anciens déportés et résistants pour empêcher la disparition du site et sa transformation en institution, sous la présidence aujourd’hui d’Alain Chouraqui, à qui il a remis les insignes de Chevalier de la Légion de Honneur. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Histoire : « Quelle étrange attitude de toujours rejeter l’idée qu’un passé inimaginablement douloureux puisse se reproduire ! »
Le monde avec l’AFP