Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, Elizabeth Bourne ne prendra pas ses responsabilités par un vote de confiance, risquant d’empoisonner les débats qui suivront son allocution de 15 heures. devant les députés puis à 21 heures devant les sénateurs. Selon l’article 50-1 de la Constitution, le vote de confiance n’est pas obligatoire. De droite comme de gauche, sept premiers ministres sur 27 ne l’ont pas demandé depuis 1959, mais c’est la première fois depuis trente ans (la dernière fois que cela s’est produit, c’était en 1992 pour Pierre Bérégovoy). Au cours de cet exercice périlleux, Elisabeth Borne exposera son style et son agenda, au premier rang desquels figure le très attendu projet de loi sur le pouvoir d’achat, présenté jeudi en conseil des ministres, mais aussi la très controversée réforme systémique des retraites. Dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, l’inflation, les défis climatiques et une situation nationale compliquée par l’absence de majorité absolue, l’objectif est de “présenter une base de coopération avec le Parlement”, “une méthode” pour “construire ensemble” des compromis, souligne son environnement. Le Premier ministre va ainsi « tenir compte » des consultations avec les groupes politiques la semaine dernière. “Il ne s’agit pas de convaincre son propre camp, mais de trouver des compromis sans compromis”, insiste son entourage. Côté style, Elisabeth Borne “a consacré beaucoup de temps” à cette prise de parole, où elle a consacré “une grande partie de son parcours personnel” et ses engagements pour le plein emploi, la transition verte ou l’égalité, mettent en avant son environnement. Élève de la nation devenue polytechnique, elle a déjà dit avoir pris l’ascenseur social, insistant en privé sur le fait qu’elle ne vient “pas du tout du petit milieu parisien des fils de conseillers d’État” qui “ne quittent pas le périphérique”. “. Cependant, le moment ne semble pas encore venu de consulter les partis d’opposition, chacun d’entre eux soulevant ou promouvant déjà son propre programme. Avant même d’entendre le Premier ministre, l’alliance de gauche Nupes a annoncé qu’elle déposerait une requête en destitution. Cependant, ses chances d’être adopté sont minces. “Probablement oui, il ne sera pas adopté, mais il est important de mettre en avant des actions. La démocratie n’est pas un accident dans notre pays”, a affirmé la présidente du groupe “révolutionnaire”, Mathilde Panos, mercredi sur BFM-TV et RMC. Car ni LR ni RN ne la rejoindront. “Nous attendons déjà que Mme Born nous dise où elle veut emmener le pays” et “nous verrons jusqu’où nous pouvons augmenter nos propositions”, a expliqué mardi Sébastien Chenou. Dans “l’éducation responsable”, le groupe de législateurs de droite n’ajoutera pas sa voix à la motion d’impeachment du Nupes, car “l’objectif des Républicains n’est pas de faire un coup d’État politique”, a, de son côté, expliqué mardi la députée et présidente active du parti de droite Annie Genevard, sur Radio J.