Publié à 11h35     Mis à jour à 11h45
                 Mélanie Marquis                             La Presse             

Le portrait de la course à la chefferie conservatrice vient de changer de façon dramatique à un peu moins de deux mois de l’élection, avec la disqualification de Patrick Brown, actuel maire de Brampton, qui avait fait le plein de nouveaux membres dans le cadre de la compétition. Disant avoir pris connaissance de « sérieuses allégations d’actes répréhensibles de la campagne de Patrick Brown qui semblent violer les règles régissant les dispositions financières de la Loi électorale du Canada », le Comité organisateur de l’élection du Chef (COEL) l’a mis hors-jeu. Dans le camp du meneur présumé de cette course, Pierre Poilievre, on a enfoncé le clou. PHOTO BLAIR GABLE, ARCHIVES REUTERS Pierre Poilievre « Comme toujours, lorsqu’il se fait prendre, Patrick essaie de se transformer en victime, mais en fin de compte, la seule personne responsable de sa disqualification est lui-même », a raillé Anthony Koch, porte-parole de la campagne de Pierre Poilievre. « Dans l’état actuel des choses, les seules personnes qui connaissent l’étendue réelle de ce qui a causé la disqualification de Patrick sont Patrick et le COEL. Je vous encourage à contacter le COEL pour connaître toute l’histoire de ses méfaits », a-t-il enchaîné. De son côté, Jean Charest a signifié son désir d’en savoir davantage sur cette affaire. PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Jean Charest « Les affirmations de la part du COEL et de la campagne de Patrick Brown sont profondément troublantes. Nous devons aller au fond des choses le plus rapidement possible. Nous devons absolument assurer l’intégrité du processus. Les membres méritent de connaître la vérité », a-t-il déclaré. « Nous devons savoir la nature des allégations, comment la campagne de Patrick Brown y a répondu et pourquoi le COEC a entrepris des mesures aussi drastiques. La transparence est primordiale », a poursuivi l’ancien premier ministre du Québec. Le président du comité organisateur, Ian Brodie, a dit comprendre la curiosité des membres, mais il a signalé qu’étant donné que « cette question fait maintenant l’objet d’une enquête approfondie, nous n’émettrons aucun commentaire additionnel sur cet enjeu ». « Nous regrettons d’avoir à prendre ces mesures, mais nous avons l’obligation d’assurer le respect autant des règles de notre Parti que de la Loi fédérale de la part de tous les candidats et de leur équipe de campagne. Aucune de ces difficultés n’a des conséquences sur l’intégrité du vote lui-même », a-t-il écrit mardi soir.

Patrick Brown furieux

Le candidat éjecté a fustigé le verdict des autorités du Parti conservateur, les accusant de favoritisme. « Clairement, l’establishment du parti voulait Pierre. Je suis choqué qu’ils soient allés aussi loin afin de priver les membres d’une élection démocratique en se fondant sur une plainte anonyme », a-t-il dénoncé sur les ondes de CTV News. Ce n’est pas la première fois que Patrick Brown est éclaboussé par un scandale. En janvier 2018, à quelques mois du scrutin ontarien, alors qu’il était chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario – et en bonne posture pour devenir premier ministre lors de l’élection prévue quelques mois –, il a démissionné après que des allégations d’inconduite sexuelle ont fait surface. Il a toujours clamé son innocence.

Quel impact sur la course ?

L’élimination de Patrick Brown fait passer à cinq le nombre de candidats qui se disputent le poste. En plus de Pierre Poilievre et de Jean Charest, sont en lice Leslyn Lewis, Scott Aitchison et Roman Baber. La disqualification de Patrick Brown pourrait aider Pierre Poilievre à amasser un nombre suffisant de points pour être couronné dès le premier tour de scrutin, le 10 septembre prochain. C’est à tout le moins l’avis de l’analyste politique Éric Grenier, observateur aguerri des courses électorales. « Les chances de l’emporter de Pierre Poilievre au premier tour viennent de s’améliorer », a-t-il tranché dans un article de sa publication web The Writ. Il souligne que l’équipe Brown s’est targuée d’avoir recruté 150 000 des quelque 675 000 nouveaux membres qui ont pris une carte pour se prononcer sur le choix du chef. « Même si la collecte de fonds, les sondages et les appuis n’étaient pas particulièrement réjouissants pour la campagne de Brown, la perception croissante dans la course était que Brown était un concurrent sérieux, peut-être même le principal concurrent de Poilievre », selon Éric Grenier. En coulisses, dans le camp Charest, on assure ne pas être inquiet. « Cela ne change rien, puisque nous allons gagner. Nous avons les meilleurs organisateurs sur le terrain du pays et nous sommes sûrs que notre sortie de vote sera menée par notre équipe extrêmement motivée », a-t-on affirmé. Les campagnes de Leslyn Lewis, Scott Aitchison et Roman Baber n’avaient pas encore réagi à cette bombe au moment de publier ces lignes, mercredi midi.