Après des semaines de tergiversations et de calculs, c’était devenu un secret de polichinelle. Olivier Veran en a officiellement fait le buzz lundi après-midi, lors de sa première conférence de presse dans ses nouveaux habits de nouveau représentant d’un gouvernement remanié plus tôt dans la journée. “Le Premier ministre ne demandera pas la confiance des députés”, a-t-il déclaré aux journalistes. Mercredi, Elisabeth Borne se contentera de prononcer son discours politique général sans réclamer les voix des Chambres du Parlement. Si Olivier Véran a assuré que le gouvernement continuait de “se rapprocher” de l’opposition, il a immédiatement réagi avec obstination à la nouvelle.

La fureur des révolutionnaires

Particulièrement farouche en la matière, la France révolutionnaire est la première à monter au créneau. “Après le gouvernement du Conseil de défense, voici le gouvernement “de facto” défait aux élections, maintenu par la seule faveur du prince. Pas de vote de confiance aux députés ? Macron va-t-il dissoudre le peuple qui les a élus ?” Ainsi écrit Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, faisant référence à une réplique du dramaturge communiste allemand Bertolt Brecht, qui s’était interpellé dans un poème : « Ne serait-il pas alors plus simple pour le gouvernement de disperser le peuple et d’en choisir un ? une autre?’ Les Insumi n’ont pas attendu que la décision finale soit prise pour se rebeller. “En refusant un vote de confiance, Elizabeth Bourne humilie la démocratie française”, a fait irruption dans notre antenne le député élu du Val-de-Marne et l’un des plus jeunes députés de l’Assemblée nationale, Louis Boyard, alors qu’il s’agissait du Conseil des ministres. . encore en progrès. “Dans quel pays se retrouve-t-on avec des élections législatives qui désavouent la politique du président de la République et où le gouvernement n’ose pas se présenter devant le parlement pour s’assurer que le peuple est d’accord avec sa politique ?”, a-t-il encore demandé. Sentant également l’évitement venir, sa patronne de caucus, Mathilde Panot, a pour sa part décidé sur Twitter : “Mme Bourne, nous n’abusons pas impunément de la démocratie. Nous allons donc vous faire comparaître devant la Chambre.” Réduite au silence, la France révolutionnaire se prépare à passer à l’action. Ses députés déposeront mercredi une motion de censure pour tenter de renverser le gouvernement Borne, qui n’a pas de majorité absolue.

La droite déplore l’absence de vote mais ne veut pas de censure

Cependant, ils ont peu d’espoir de voir leur initiative aboutir. Il se peut en effet qu’il ne remplisse pas l’hémicycle. Alors que les partenaires socialistes des Insoumis au sein du Nupe s’abstiennent toujours de voter, la droite a déjà choisi sa ligne. “Il n’est pas question” de participer à la motion de censure révolutionnaire, a tranché Nadine Morano des Républicains auprès de BFMTV ce lundi soir. L’eurodéputée s’est toutefois exprimée au nom de ses collègues nationaux au Palais-Bourbon, commentant la décision de l’exécutif de ne pas procéder à un vote de confiance. “Nous avons un gouvernement qui, par définition, va être précaire parce que le Premier ministre n’est pas en mesure de demander la confiance après avoir déclaré sa politique générale parce qu’elle sait qu’elle ne l’aura pas”, a-t-il jugé, ajoutant plus tard qu’”un gouvernement” “n’avait pas confiance que le Parlement “échouerait”. Dans la matinée, Olivier Marleix, qui a été récemment nommé président du groupe LR à l’Assemblée nationale, avait montré qu’il comprenait plus… ou plus foutu le gouvernement. “Le Premier ministre ne peut pas demander la confiance des députés. On sait que le gouvernement ne peut pas avoir cette confiance. Poser cette question serait suicidaire et on ferait perdre le temps des Français”, a-t-il estimé sur le plateau des 4 vérités de France 2″. Nous avons mieux à faire”, a-t-il conclu.

Le RN accuse le remaniement

La Coalition nationale souhaitait également un vote de confiance. Cependant, ses dirigeants étaient particulièrement irrités par l’ordre de remaniement. “Ceux qui ont échoué sont tous reconduits. Le président de la République ignore ainsi une fois de plus le verdict des urnes et la volonté du peuple français pour une autre politique”, a déploré Marine Le Pen. Son remplaçant à la tête du RN, Jordan Bardella, a tweeté : “On continue, on reprend exactement le même et on recommence. Mais où aller ?” Laurent Jacobelli, représentant du parti d’extrême droite et élu député de Moselle, a lui aussi estimé que le sommet de l’Etat faisait fausse route. “Emmanuel Macron n’a pas compris qu’on ne voulait plus de Zeus, que les Français ne voulaient plus lui accorder les pleins pouvoirs. Il les a un peu repris en oubliant le message des Français”, a déclaré l’assuré à France Inter. Robin Verner Journaliste BFMTV