Publié à 14h17 Mis à jour à 14h38.
Mélanie Marquis La Presse
Moins de 24 heures après que la Commission on Elections for Leadership (COEL) ait disqualifié Patrick Brown, invoquant de “graves allégations d’actes répréhensibles” dans le financement de la campagne, Brown a donné suite à sa menace : il a retenu les services d’un cabinet d’avocats pour contester son retrait de la concurrence. Et pas seulement : ceux du cabinet Henein Hutchison – et de sa formidable avocate Marie Henein, qui a défendu avec succès des personnalités comme l’ancien présentateur de la CBC Jian Gomeshi ou encore l’ancien vice-amiral Mark Norman. La firme de Toronto a également mené l’enquête indépendante sur les allégations d’agressions sexuelles à Hockey Canada. «Pour être clair, M. Brown n’était pas en faute. Votre refus de préciser les allégations à l’appui de votre recommandation le prouve. Il a réfuté les informations dérisoires que vous avez fournies et a demandé à plusieurs reprises des détails », lit-on dans le document du 6 juillet cosigné par Marie Henein et son collègue Alex Smith. PHOTO DU SITE INTERNET DU CABINET HENEIN HUTCHISON Avocate Marie Henein “Ce processus kafkaïen a conduit à une décision prédéterminée, basée sur des motivations politiques, qui n’est pas conforme aux valeurs que ce parti devrait défendre”, poursuit-il dans cette lettre adressée à Don Nightingale, président de la commission des nominations. pour la résolution des litiges (CARD). À cette lettre s’ajoute celle envoyée à Ian Brodie, président du COEL, dans laquelle le duo d’avocats demande tous les documents liés au processus de remise – e-mails, SMS, messages WhatsApp, etc. – est maintenu. Le porte-parole du parti, Jaroslav Baran, a confirmé jeudi avoir reçu les documents. “Le conseiller juridique examine les deux demandes et répondra aux avocats de M. Brown le cas échéant”, a-t-il écrit dans un e-mail. Le candidat à la direction du Parti conservateur est furieux de sa disqualification. Il a dénoncé la décision dans tous les sens mercredi, accusant la formation de corruption et l’accusant de l’avoir mise à la porte pour favoriser le sacre de Pierre Poilievre, considéré comme le favori de la course. Son élimination laisse cinq candidats dans cette course dont le vainqueur sera annoncé le 10 septembre : Pierre Poilievre, Jean Charest, Leslyn Lewis, Scott Aitchison et Roman Baber.
Le commissaire électoral chargé de l’affaire
Selon des informations diffusées dans certains médias ces dernières heures, les responsables de la campagne de Brown étaient payés par une société privée et la plainte déposée auprès des autorités du Parti conservateur émanait du camp de Brown. Le Commissariat aux élections du Canada a confirmé jeudi avoir reçu l’information en lien avec cette affaire, mais n’a pas précisé la nature des documents qui lui ont été transmis ni confirmé qu’une enquête sera bel et bien lancée. « Le commissaire aux élections du Canada prend chaque plainte au sérieux et, le cas échéant, mène une enquête approfondie. La durée d’une enquête peut varier considérablement selon la nature et la complexité d’un dossier », a écrit la porte-parole Jacinthe Dumont. Ce n’est pas la première fois que Patrick Brown est embourbé dans un scandale. En janvier 2018, quelques mois seulement avant les élections ontariennes, alors qu’il était chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario – et en bonne forme pour devenir premier ministre lors d’une élection qui devait durer quelques mois – il a démissionné au milieu des agressions liées à des allégations d’inconduite sexuelle. . En octobre de la même année, il est élu maire de Brampton. Une autre brique lui est tombée dessus mercredi, quelques heures après l’annonce de son éviction, lorsque cinq conseillers l’ont désavoué en publiant une lettre ouverte lui demandant également de mettre fin à son “règne scandaleux à l’hôtel de ville de Brampton”.