Betsy vit encore avec le souvenir traumatisant de sa rencontre avec Jean-Marc Reiser. “Ils me surveillent encore psychologiquement, ça a changé ma vie”, a avoué la jeune femme à BFMTV.com alors que s’ouvrait lundi le procès du meurtrier présumé de Sophie Le Tan devant le tribunal correctionnel du Bas-Rhin. Des discussions qui suivront forcément. “J’ai pu m’éloigner de Jean-Marc Reiser”, a déclaré Betsy.

“Manutention”

En septembre 2017, Betsy, étudiante nigériane, s’inscrit en Master 2 en Management à l’Université de Strasbourg. A l’époque, la jeune femme, qui revenait d’un stage à New York, fréquentait l’antenne locale des Restos du Coeur. “Un jour, alors que je faisais la queue, Jean-Marc Reiser a essayé de parler, raconte Betsy. C’était une conversation forcée, il posait beaucoup de questions. C’était le début de sa stratégie de manipulation.” A de nombreuses reprises lors de leurs rencontres au club, Jean-Marc Reiser propose à Betsy de la ramener chez elle. La jeune femme décline jusqu’à aujourd’hui en plein hiver, ce que, chargée de ses courses, elle accepte. « Au début, je ne le soupçonnais pas beaucoup, mais il en a profité pour échanger nos numéros. Puis le harcèlement a commencé, poursuit-elle. Il a commencé à m’appeler plusieurs fois pour venir me chercher, je l’ai découragé. C’est sa stratégie. , insiste-t-il et on finit par tomber dans son piège. »

Contournement non planifié

Betsy pense qu’elle “traque depuis un an”. Elle se souvient d’avoir rencontré Jean-Marc Reiser près de son université. Elle se souvient des nombreux appels téléphoniques de l’homme pour lui proposer un week-end à Vogi ​​ou un séjour en Croatie. Puis ce nouveau moment qui accepte qu’il l’accompagne. Sur la route entre l’antenne des Restos du Coeur et la maison de la jeune femme, Jean-Marc Reiser fait un détour inattendu. Betsy commence à s’inquiéter. Il atteint le bas de son immeuble, puis insiste pour grimper. D’une manière ou d’une autre, elle parvient à le faire rester au bas de l’ascenseur. “Je me suis trompé d’étage, je suis sorti de l’ascenseur puis j’ai pris les escaliers pour me rendre à mon appartement. J’ai couru chez moi et j’ai raccroché mon téléphone. Puis j’ai raccroché son numéro.” Depuis plusieurs mois, Betsy ne fréquente plus le club. Elle n’a plus de nouvelles de Jean-Marc Reiser qui utilisait jusqu’alors 4 ou 5 numéros pour la contacter. Jusqu’à ce jour de janvier 2018 où elle l’a rencontré dans un train. À l’époque, Betsy envisageait de s’installer à Paris pour ses études et cherchait un endroit pour entreposer ses affaires. La discussion porte sur ce sujet. Jean-Marc Reiser en profite et propose de stocker ses cartons dans sa cave. La jeune femme, seule à Strasbourg et prête à partir, finit par être acceptée. “J’ai abandonné ma vigilance, admet Bechti. Même si ça me fait peur, je pensais qu’il n’était peut-être pas si méchant. Mais je suis tombé dans son piège.”

Changement de comportement

Jean-Marc Reiser a alors changé de visage. Viens l’aider à déplacer ses affaires, l’homme est en colère, il l’attaque, il lui demande de jeter des cartons croyant qu’elle a trop de choses. “Dès que j’ai accepté ses ordres, il s’est calmé”, se souvient Betsy. Raiser emmène les affaires de la jeune femme dans sa cave puis l’invite dans son appartement. Betsy, chargée de deux valises, attend quelques heures avant de prendre son train pour Paris. Il finit par accepter. Il découvre alors l’intérieur de l’appartement de Schiltigheim. Un studio avec des lits jumeaux, une télé et parsemé de bouteilles d’eau ouvertes partout. Betsy a soif mais refuse de boire à l’une de ses bouteilles. Il en prend un nouveau et l’ouvre. L’homme est en colère. La jeune femme se dit qu’elle doit quitter cet endroit. Elle sort son téléphone de l’autre pièce, il est bloqué, quelqu’un a entré beaucoup de codes erronés. Betsy est alors en colère. Jean-Marc Raiser lui demande de se taire. Il dit imaginer le pire en ce moment, “un viol”. “J’ai essayé de le calmer, j’ai joué les naïfs. Je lui ai dit que j’allais faire une mission mais j’ai laissé mes valises pour lui faire savoir que je revenais.” Jean-Marc Raiser la laisse sortir. Betsy devrait-elle appeler la police ? “Il n’a rien fait de répréhensible à ce moment-là”, a-t-il déclaré.

Lutte contre la gynécologie

Betsy revient quelques heures plus tard. Elle veut récupérer ses affaires restées dans l’appartement de Jean-Marc Reiser. Puis elle décide de sonner la cloche pour être accompagnée de ses voisins. Ils trouvent la porte fermée. Mais au milieu de la nuit, Jean-Marc Reiser finit par ouvrir. Betsy fait ses valises. Le lendemain matin, il vide sa cave. Quatre mois plus tard, Sophie Le Tan décède dans cet appartement. “Il ne m’a proposé qu’un seul but : me faire disparaître, insiste la jeune femme. Je n’étais pas sa seule cible ce jour-là, il m’a observé pendant un an.” La jeune femme a décidé d’écrire un livre sur cette expérience. “On n’aurait pas dû le laisser dans la nature”, a déclaré la jeune femme, évoquant la condamnation de l’homme à 15 ans de prison en 2001 pour viol et agression sexuelle. Avec ce livre, co-écrit avec l’élue écologiste Caroline Reys, elle veut lutter contre la rechute mais surtout contre les mutilations génitales féminines. Il prend sa retraite après le procès de Jean-Marc Reiser, qui doit se terminer le 5 juillet.

  • Le pouvoir de l’instinct. Comment j’ai échappé à Jean-Marc Reiser, dans les éditions du 3/9.