Une mystérieuse disparition après une bagarre
Fin 1995, Christophe Doire travaille dans les abattoirs de Vichy. Le jeune père est “un très bon chasseur et maître-chien”, rapporte Le Figaro. Mais il s’aventure parfois “sur les territoires d’autres sociétés de chasse”, précise le quotidien. Cela peut lui jouer des tours, comme le 15 décembre, lorsque sa chienne Flora a été volée par un chasseur assidu. Il la retrouve le lendemain, raconte Le Parisien. Le 16 après-midi, au domicile familial de Cusset (Allier), une dispute éclate avec sa femme à propos d’un sèche-cheveux tombé dans la baignoire où il fonctionnait. Agacé, il se dirige alors vers son frère. Il y passe la soirée avant de rentrer chez lui à 23h30. C’est la dernière fois qu’ils le voient vivant. Capture d’écran de la situation dans la commune de Cusset (Allier), prise le 2 juillet 2022. (GOOGLE MAPS / FRANCEINFO) Sa femme a signalé sa disparition deux jours plus tard, le 18 décembre, lorsque des copains de chasse se sont inquiétés qu’il n’ait pas été vu. Sa voiture a ensuite été retrouvée à Cusset, explique La Dépêche. Une semaine plus tard, le 25 décembre, son corps sans tête est découvert dans un fossé par des chasseurs. L’homme est mort d’une hémorragie et sa tête, qui n’a jamais été retrouvée depuis, a été tranchée avec un couteau de boucher, rappelle Le Figaro.
Deux licenciements et une enquête rouverte en 2020
Dans un premier temps les enquêteurs s’intéressent à la taille des chasseurs. Le vol du chien et la mort violente les ont mis dans cette partie. Le fragment d’une collision est examiné, avant d’être rejeté. Une première information judiciaire a abouti à un non-lieu en 2000. Une deuxième information judiciaire ouverte deux ans plus tard a également abouti à un non-lieu en 2007. Treize ans plus tard, en mai 2020, l’enquête a été rouverte par le parquet de Cusset pour régularisation du dossier. . Ces nouvelles enquêtes conduisent à l’ouverture d’une enquête du coroner “homicide involontaire” en novembre 2021. Une cellule d’une quinzaine de chercheurs, notamment issus du service de recherche de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), se constitue et procède à de nouvelles auditions et analyses scientifiques. Des prélèvements sont en cours sur des personnes précises de son entourage, des dizaines de personnes sont interrogées et “de nombreuses enquêtes techniques” sont menées, selon le procureur. Le corps de la victime a même été exhumé afin de faire de nouvelles analyses comparatives, notamment sur les vêtements qu’ils portaient probablement le soir de sa disparition. “Tous les cas de travail ont été pris en compte : l’épouse, la famille, le milieu de la chasse, la malveillance, les relations amoureuses de la victime”, explique le procureur de Cusset Eric Neveu. “Nous avons apporté un regard neuf et travaillé comme si nous venions de découvrir la scène du crime (…), comme si le crime venait d’être commis”, ajoute-t-il. “Dans une analyse criminelle, il faut être très humble : parfois on a de la chance, parfois on a moins de chance, mais c’est plus facile d’enquêter avec les outils dont on dispose en 2022 qu’en 1995.” Eric Neveu, procureur de Cusset en conférence de presse
Veuve inculpée, autres arrestations possibles
Les enquêteurs se sont replongés dans la vie orageuse du couple telle qu’elle a émergé au cours des enquêtes et des audiences. Ils ont fini par viser la veuve de la victime, près de trois décennies après le meurtre. Pendant sa détention, elle “n’a ni nié ni confirmé” les événements, a expliqué le procureur. Le juge a notamment relevé “l’absence d’explications crédibles” et même “son démenti, notamment sur la situation de sa compagne”. « Elle nie avoir des relations conflictuelles avec son mari » qui, pourtant, « ressortent des témoignages et ont été mises en lumière », a expliqué Eric Neve. Sans divulguer davantage l’enquête, le procureur estime que « des indices sérieux et concordants » montrent « pointant son implication dans le meurtre de Christophe Doire ». Même si “les circonstances exactes de cette action nécessitent des investigations complémentaires”, note Eric Neveu. Le juge révèle également que le suspect a pu être aidé. Certaines “preuves permettent désormais de penser” qu’elle n’aurait pas agi seule “tout au long du processus” et “il pourrait y avoir d’autres arrestations”, a-t-il précisé. Cette femme de 56 ans “devrait être condamnée à 30 ans de prison”, a conclu le procureur.