Croissance revue à la baisse : 2,5% pour 2022

Du côté des mauvaises nouvelles, notons que cette prévision de croissance a été revue à la baisse pour l’économie française. Des 4% prévus par la dernière loi de finances, le secteur public est passé à 2,5% pour cette année. En l’occurrence, la guerre en Ukraine qui a ralenti l’économie et fait exploser un peu plus les prix du carburant, mais aussi le virus Omicron en début d’année qui a limité l’activité. Autre élément qui a ralenti le rythme de la reprise : la stratégie “zéro Covid” de la Chine et les restrictions décidées au premier semestre, bousculant les chaînes d’approvisionnement et provoquant des retards d’approvisionnement. Dans cet environnement sanitaire international mais aussi volatil – qui est particulièrement marqué par le retour du virus en Europe en ce moment – l’incertitude sur le climat des affaires reste élevée et, par conséquent, le gouvernement publie prudemment sa croissance de 2,5 %.

Une économie française qui résiste à l’inflation

Cependant, selon l’exécutif, les fondamentaux de l’économie se maintiennent bien. Avec une croissance de 2,5 %, la France est l’un des meilleurs pays de la zone euro. De même, en France, l’inflation sera au plus bas cette année. Le gouvernement s’attend à ce que les prix à la consommation augmentent de 5 % en moyenne. Prévision légèrement inférieure à celle de l’Insee, qui prévoit 5,5 % en rythme annuel. Mais cette différence, explique Bercy, est due au prix de référence du baril de pétrole choisi pour le calcul. Le ministère de l’Économie a retenu un baril autour de 110 euros pour l’année 2022. Un peu plus pour l’Insee.

Des revenus en hausse

Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Le premier est la robe pour le travail. Certes, le nombre de créations d’emplois ralentira fortement au second semestre, mais l’économie française continuera d’afficher un bilan positif tout au long de l’année. Alors que près de 80 000 emplois ont été créés au premier trimestre, un total de 115 000 seront créés d’ici la fin de l’année. Ces emplois sont d’autant plus importants qu’ils permettent de percevoir des revenus sociaux (cotisations) mais aussi des recettes fiscales, via l’impôt sur le revenu. Et limiter le montant des allocations qui seront versées, via l’assurance chômage ou les minima sociaux. Selon le gouvernement, la consommation devrait également être soutenue, ce qui permettra également à l’argent d’affluer dans les caisses de l’État. La reprise du trafic aérien, celle du tourisme international permettront aussi d’augmenter les recettes de TVA françaises. Enfin, des revenus supérieurs aux prévisions d’impôt sur les sociétés. Notamment grâce à un mécanisme de bilan 2021 versé en 2022. Ce total permettra, selon les calculs du gouvernement, à l’Etat de récolter jusqu’à 50 milliards en 2022, soit plus que le budget de l’Education nationale. C’est 2% du PIB.

Il ne semble pas y avoir de réduction de la dette

Mais loin de réduire la dette française, qui restera à 111,9 % en fin d’année, Bercy utilisera ces excédents pour combler les pertes. Objectif : maintenir la prévision initiale de déficit autour de 5 %. Ce surplus d’argent – certains y verront peut-être un chaton, mais le gouvernement rejette le terme – servira principalement à payer les mesures de pouvoir d’achat que le gouvernement entend présenter par voie de loi au Conseil des ministres du 6 juillet. Au menu, la revalorisation de 3,5 % du salaire des fonctionnaires, celle de 4 % des pensions de vieillesse, le maintien du bouclier à gaz jusqu’en décembre prochain ou encore la prolongation de la décote de 18 centimes d’euro le litre. Bersi n’a pas voulu divulguer ce mardi le coût exact de ces mesures, mais les premières estimations tournent autour de 25 à 30 milliards d’euros. Dans le contexte politique, on peut dire sans se tromper que l’affectation de cette plus-value à de nouvelles dépenses, même pour maintenir le pouvoir d’achat des Français, provoquera des réactions à droite comme à gauche. Les républicains exigeront que ces 50 milliards de dollars supplémentaires soient utilisés pour réduire la dette. A gauche, Nupes y verra l’opportunité d’augmenter encore le paquet pouvoir d’achat, déjà jugé insuffisant.