Jusqu’à présent, Boris Johnson semblait pouvoir résister à tous les scandales. Le dernier en date – un mensonge au mieux par omission au sujet des agissements déplacés d’un député conservateur –, lui portera-t-il le coup fatal ?
Mardi 5 juillet au soir, après la démission presque simultanée du chancelier de l’Echiquier, Rishi Sunak, et du ministre de la santé, Sajid Javid, deux poids lourds de son gouvernement, le premier ministre britannique luttait pour sa survie. « Après toutes les histoires sordides, les scandales et les erreurs, il est clair que ce gouvernement est en train de s’effondrer », assénait Keir Starmer, le chef de l’opposition travailliste tandis que le très conservateur Times titrait « Game over » dans son éditorial.
Dans une lettre de démission très critique adressée à M. Johnson, Sajid Javid assure : « Je regrette de vous dire que la situation ne changera pas sous votre direction et en conséquence, vous avez perdu ma confiance. »
I have spoken to the Prime Minister to tender my resignation as Secretary of State for Health & Social Care.
It h… https://t.co/SZYvozcsnp
— sajidjavid (@Sajid Javid)
« Le public attend à juste titre que le gouvernement se conduise de manière correcte, compétente et sérieuse. Il se peut que ce soit mon dernier poste ministériel mais je pense que ces valeurs valent la peine d’être défendues et c’est la raison pour laquelle je démissionne », explique quant à lui Rishi Sunak, 42 ans, un des plus jeunes et des plus brillants membres du gouvernement Johnson, identifié depuis des mois comme un futur « premier ministrable ».
The public rightly expect government to be conducted properly, competently and seriously.
I recognise this may be… https://t.co/6IKCjwN26v
— RishiSunak (@Rishi Sunak)
Pour ces deux hommes politiques, dont les opposants à Boris Johnson au sein des tories espéraient le départ depuis des semaines, la goutte qui a fait déborder le vase s’appelle Chris Pincher. Jusqu’à la fin juin, ce député était l’adjoint du chief whip, un des élus chargés de la discipline de vote au sein des conservateurs et un rouage essentiel de l’autorité de Boris Johnson dans le parti. Chris Pincher a démissionné le 30 juin, après avoir beaucoup trop bu et fait des avances – non sollicitées –, à deux collègues hommes dans un des clubs privés les plus courus de Westminster.
Le rapport à l’éthique de Boris Johnson mis en doute
Pendant plusieurs jours, le porte-parole de Downing Street a soutenu que Boris Johnson avait promu Chris Pincher tout en ignorant ses écarts répétés de comportement. Mardi, le même a finalement admis que le dirigeant avait été mis au courant dès 2019 mais qu’il ne s’en était pas « rappelé immédiatement » au moment de nommer M. Pincher adjoint du chief whip, en février de cette année. Outré, Simon McDonald, un ancien numéro deux du Foreign Office siégeant à la Chambre des Lords, a publiquement accusé Downing Street d’« induire en erreur » les Britanniques. Mardi soir, juste avant la démission de ses deux ministres, Boris Johnson a tenté de s’expliquer dans une vidéo préenregistrée, admettant avoir « commis une erreur » en nommant Chris Pincher, sans franchement convaincre. Il vous reste 57.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.