Jusqu’en 1992, Sergueï Jirnov était un espion russe, un « illégal » vivant sous couverture en France. Trente ans plus tard, il fréquente les plateaux de télévision, où il éreinte le président Vladimir Poutine, cet ancien « bandit de Leningrad » qu’il accuse d’avoir envahi l’Ukraine en « kamikaze ». L’ex-agent de l’ombre, 61 ans et la silhouette sportive, a croisé à quatre reprises le chemin de celui qui deviendra le tout-puissant chef de l’Etat de la Fédération de Russie. Un homme qu’il « méprise », affirme-t-il dans « L’engrenage », ouvrage qu’il lui consacre, sorti en juin. Vladimir Poutine « est Russe comme moi, mais il incarne tout ce que je n’aime pas : le cynisme, le mensonge, l’absence d’empathie, la brutalité », avertit-il dès les premières pages du livre. Lors de leur première rencontre, alors qu’il n’est qu’un simple étudiant, Sergueï Jirnov affirme avoir été « torturé psychologiquement » par le futur président, déjà kagébiste, parce qu’il avait parlé trop longtemps en français à un étranger durant les Jeux olympiques de Moscou en 1980.