Dans un communiqué, Me Boulet dénonce l’esprit de revanche qui, selon elle, alimente les nombreuses réactions, qui vont parfois jusqu’à des appels à la démission. Elle reproche aux commentateurs d’obscurcir de nombreux passages de la décision qui, selon elle, dénoncent le comportement des accusés et [insistent sur] l’importance de signaler une agression sexuelle; « Condamner, ce n’est pas causer des conséquences aussi graves que celles vécues par la victime, ce qui serait illusoire. » — Citation de Marie-Pier Boulet, présidente de l’Association des avocats de la défense En entrevue avec Radio-Canada après la publication de son communiqué, elle explique que ce sont les nombreuses réactions en ligne, dont certaines comparant le juge à l’agresseur, qui l’ont poussée à prendre la parole. Il précise qu’il s’exprime avec empathie, mais veut tout de même appeler au calme. On peut considérer que [la peine] c’est pardonner. C’est une chose, et il peut y avoir des discussions utiles à ce sujet. […] Quand il attaque un juge […]là on déborde à mon avis, dit-il. Rappelez-vous que le juge Poliquin a accordé une absolution conditionnelle à Simon Houle car il estimait que son travail d’ingénieur nécessitait des voyages à l’étranger et qu’un casier judiciaire nuirait donc à sa carrière. Pour justifier sa décision, le juge a également cité l’état d’ébriété du prévenu, qui selon lui pouvait expliquer son comportement, et la durée globale de l’agression sexuelle en cause, qui s’est finalement déroulée rapidement. Des propos qui ont fait bondir les organisations qui défendent les victimes de violences sexuelles. “Le droit n’est pas la mathématique. Ce n’est pas une science exacte. Le juge peut avoir une opinion qu’aucun autre juge ne peut partager et que toute la population ne peut pas partager. » — Citation de Marie-Pier Boulet, en entrevue avec Radio-Canada Selon Marie-Pier Boulet, le raisonnement du juge était justifié. La détermination de la peine est un exercice complexe et parfois dangereux, écrit-il. Cet exercice implique que le juge doit se préoccuper de tous les facteurs entourant la commission de l’infraction. La discussion sur la durée de l’attaque en est une. En entrevue, elle insiste : Le juge a respecté les paramètres qu’il devait respecter, dit-elle, rappelant qu’une libération conditionnelle est une peine disponible pour une accusation d’agression sexuelle.

Crainte de l’indépendance judiciaire

La présidente de l’AQAAD estime qu’il est permis d’être en désaccord avec la décision qui a été rendue, mais elle souhaite que le débat sur sa validité se déroule devant une cour d’appel et non sur la place. Faire appel d’une décision, c’est la critiquer dans un contexte organisé propice à un dialogue sain et rationnel, écrit-il. Le Directeur des poursuites criminelles et criminelles (DPCP) a déjà annoncé sa décision de faire appel de la décision. En entrevue avec Radio-Canada, Me Marie-Pier Boulet affirme qu’il est essentiel que le public comprenne les enjeux juridiques soulevés par la décision. Photo : Radio Canada M. Boulet voit la destitution et les appels à la destitution contre le juge comme un danger pour l’indépendance judiciaire, un fondement important de la démocratie. « Chaque citoyen canadien devrait pouvoir faire confiance à une magistrature libre, libre de tout intérêt ou influence extérieure. Ce principe d’indépendance concerne à la fois l’institution elle-même et ceux qui en appliquent les règles, c’est-à-dire les juges. » — Une citation de Me Marie-Pier Boulet, présidente de l’AQAAD Ce sont surtout les réactions de la classe politique qui la surprennent. Il estime que les élus devraient mieux appréhender les questions de séparation des pouvoirs et s’abstenir de commenter le travail d’un juge, au risque de miner la crédibilité du système judiciaire aux yeux du public.

La victime souhaite[e] Le traitement

Dans son communiqué, Marie-Pier Boulet souligne que, selon elle, l’esprit de vengeance n’anime pas la victime dans cette affaire, un aspect sur lequel le juge insiste dans sa décision. Les victimes [dit] souhaiter la guérison, tant pour elle-même que pour l’accusé, confirme Me Boulet. Le nom de la victime de Simon Houle n’a pas été divulgué car son identité fait l’objet d’une interdiction de publication. Au moment des faits, on croyait qu’elle était la petite amie de Simon Houle. L’agression a eu lieu alors que la victime dormait lors d’une soirée dans un appartement. L’accusé l’a ensuite déshabillée, a mis ses doigts dans son vagin avant de prendre neuf photos de ses parties intimes. Simon Houle a plaidé coupable à des accusations d’agression sexuelle et de voyeurisme deux ans après l’incident. Pour Me Marie-Pier Boulet, la peine prononcée par le juge Poliquin n’est pas le résultat d’un concours de douleur ou de conséquences. Selon elle, aucun jugement portant condamnation ne peut prétendre effacer toutes les conséquences d’un crime. Avec les informations de Geneviève Garon