Elizabeth Bourne doit lui présenter les conclusions des consultations qu’elle a menées cette semaine avec les partis politiques, a indiqué à LCI la porte-parole du gouvernement Olivia Gregoire. “Il me semble presque normal que le Premier ministre réserve ses conclusions au président de la République après ces échanges”, a-t-il déclaré. Le moment est sujet à spéculation. Interrogée sur un éventuel remaniement en amont de la déclaration de politique générale d’Elisabeth Borne mercredi 6 juillet devant le Parlement, Olivia Grégoire a répondu : “Normalement ça devrait être comme ça, oui”. Le week-end s’annonce très studieux et les téléphones vont devoir chauffer, car à ce stade, “tout est conditionnel” et “tout est possible”, échappe une source proche du dossier. Cependant, il y a des certitudes. Les trois ministres battus aux législatives (Amélie de Montchalin, chargée de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Brigitte Bourguignon, Santé et Prévention et Justine Bénin, sous-secrétaire à la Mer) vont quitter le gouvernement, selon la règle confirmée. de l’exécutif. Ces trois femmes sont restées sur place jusqu’à la fin, sachant qu’elles étaient sur le point de partir, ce qui a suscité l’inquiétude dans les zones autour de leur périmètre. Ce n’est pas le cas de Yaël Braun-Pivet. Nommé ministre des Affaires étrangères, il a quitté le gouvernement mardi 28 juin pour devenir président de l’Assemblée nationale. Alors puisque son poste est également vacant, quatre portefeuilles sont à pourvoir. L’épineux cas de Damien Abad demeure. Le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées fait l’objet d’une enquête pour tentative de viol suite à la plainte d’une femme qui a rapporté des événements qui se seraient déroulés lors d’une soirée en 2010. Suite à la publication par Mediapart et d’autres témoignages d’alerte, le procès de l’affaire avance depuis plusieurs semaines rend déjà difficile le maintien de la position du ministre. Au sein de la majorité, son départ n’est pas tabou. “Au-delà de la question juridique, il y a le symbole, glisse un député renaissance. Dans une période politique aussi compliquée, nous avons besoin d’un gouvernement qui désamorce les tensions.” Damien Adam, député Renaissance de Seine-Maritime, est de marbre : “Politiquement, il n’a rien apporté et nous a coûté cher. Je ne vois pas comment il peut assumer ses responsabilités de ministre des Solidarités compte tenu de la situation.” “J’espère qu’il comprendra qu’il sert l’intérêt général en s’en tenant à sa position et que pour se défendre il doit reculer.” Damien Adam, député de la Renaissance de Seine-Maritime chez franceinfo Pour cet autre membre du MoDem, Damien Abad est juste “marron” et il s’agit d’”esquiver les couilles en trop”. Abad case et autres postes vacants mis à part, le gouvernement sera-t-il remanié ? “Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de changement autre que des remplacements”, a déclaré un ministre du Cabinet. “Je ne pense pas qu’il faille tout changer et ce n’est pas un gouvernement remanié qui changera l’absence de majorité absolue, d’autant plus que l’opposition a déclaré qu’elle ne souhaitait pas rejoindre le gouvernement”, a impliqué Damien Adam. Cependant, la nouvelle situation au Parlement doit être intégrée dans la composition du gouvernement. Mais comment ? Denis Masséglia, député Renaissance du Maine-et-Loire, envisage “un gouvernement élargi, qui doit intégrer les différentes sensibilités politiques de la gauche et de la droite – à l’exception des extrêmes – qui pourrait fonctionner avec une majorité présidentielle”. Jérémie Peltier, directeur d’études à la fondation Jean-Jaurès, y voit cependant des limites. “Chercher un symbole de droite ou de gauche ne marche plus”, explique-t-il. “Le grand public est suffisamment mature pour comprendre que le braconnage est un geste tactique et crée plus d’animosité avec la gauche et la droite.” Jérémie Peltier, directeur d’études à la Fondation Jean-Jaurès chez franceinfo Pour cet expert, la période est plutôt propice aux “profils non dogmatiques, capables de discuter sans hostilité excessive aussi bien avec la droite qu’avec la gauche”, généralement des personnes issues de la société civile. Les membres de la majorité sont bien conscients qu’il va falloir renouer avec le pays. “Nous avons besoin de gens du dialogue qui permettront d’intégrer le nouveau mode de gouvernance”, assure un puissant député de la majorité. “Il est important que les profils de ce nouveau gouvernement puissent parler à la réalité des Français, parler aux Français”, plaide Denis Masséglia. Pour cela, d’autres remettent en cause les notions d’« empathie » et de « sympathie » que devraient évoquer les futurs ministres. “Le pays est devenu tellement superficiel et émotionnellement instable qu’il est désormais devenu un critère important pour les futurs ministres : il faut avoir une certaine empathie et une chaleur humaine”, rapporte Jérémie Peltier. Au-delà de ces considérations quasi philosophiques, l’exécutif doit, outre le respect de la parité, veiller à l’équilibre des portefeuilles ministériels au sein de sa propre majorité. Renaissance, Horizons, MoDem, Agir… Les différentes composantes du camp présidentiel ne manqueront pas de compter leurs pions dans le prochain groupe. Au MoDem, les lieutenants de François Bayrou sont aux aguets. “Nous n’avions qu’un seul ministre [deux si l’on compte Marc Fesneau et Justine Bénin] quand on en avait cinq avant, c’est un grave déséquilibre, le rééquilibrage est obligatoire”, prévient MP La politique n’est jamais loin.